Préambule
Quelques éléments factuels avant toute chose :
- Nous avons visité les locaux parisiens de L’image retrouvée en mai 2019 et échangé avec Davide Pozzi spécifiquement sur ce sujet. Il a confirmé explicitement une signature propre au laboratoire et suffisamment visible pour être reconnaissable. Il a ajouté qu’elle était peut-être trop visible sur certains films, que ceux-ci seraient étalonnés différemment s’ils devaient être refaits aujourd’hui, et qu’ils étaient en train globalement de « réajuster le curseur » afin de diminuer l’intensité de cette signature, une information très instructive tant sur ce qui était fait jusqu’ici, la latitude des possibilités mais aussi l’ouverture du laboratoire à l’ajustement de ses pratiques et que l’on commence à voir sur des films comme Cyrano de Bergerac. Enfin, il a confirmé explicitement une signature visible aussi pour les films en N&B (et effectivement, elle est repérable). Notre hypothèse de couleurs en partie modifiées par la signature du laboratoire est donc formellement confirmée. Il a cependant ajouté qu’il ne faut pas oublier que techniquement, chaque laboratoire a un peu sa patte, et que même une « absence de patte » est une patte en soi. Un élément effectivement important à garder en tête.
- James Steffen a pu comparer de façon directe l’étalonnage de la restauration 4K de La couleur de la grenade (Paradjanov) à celui de la copie Orwo ayant servi de référence. Sa comparaison l’a fait conclure que les couleurs présentes sur la restauration ne représentent pas celles de la copie de référence. Il est d’autant mieux placé pour juger de cela qu’il a été un des principaux consultants sur la restauration du film.
- Certains éditeurs font maintenant le choix de modifier les étalonnages d’Eclair et Ritrovata afin d’éliminer cette signature (jaunie pour Ritrovata, bleutée pour Eclair). C’est le cas notamment d’Arrow et Camera Obscura, et depuis plus récemment Kino, Koch et Criterion. Nous avons surligné en vert dans nos listes les films concernés, et si disponible, avons inclus des liens vers les comparaisons des différentes versions. Ce choix ne provient visiblement pas d’une divergence sur l’esthétique originelle de ces films, mais vise, dans les faits, seulement à éliminer les effets des signatures de ces labos sur les couleurs.
- Comme mentionné plus bas, cet article ne vise aucunement à dénigrer le travail de certains laboratoires ou leurs étalonneurs, mais uniquement à compiler les résultats publiquement disponibles, les analyser via un prisme de reconnaissance de motifs, expliciter la réalité des regroupements possibles, puis tester sur ces regroupements la validité de certaines hypothèses émises. C’est pour cette raison que ne sont pas abordées ici les raisons techniques exactes qui pourraient expliquer ces résultats (comme par exemple les utilisations de tables de correspondance des couleurs – LUT, ou Look Up Tables).
- Juste avant la publication de ce dossier, j’avais participé à un article sur le même sujet, compilé par Robert Drucker et publié sur MUBI.
- EDIT (07 janvier 2022) : J’ai été à nouveau sollicité, cette fois en novembre 2022 pour un long dossier compilé par Bingham Bryant et publié dans Filmmaker Magazine le 15 décembre 2022. Le dossier de Bingham suit la même logique que le mien ici (dont il résume d’ailleurs parfaitement le positionnement) : tenter de comprendre la provenance de ce que nous voyons sur le marché depuis maintenant 10 ans, notamment en en faisant factuellement l’état des lieux. Il rappelle cependant un élément crucial que les exemples ci-dessous démontrent : un même film ne devrait pas sortir de x laboratoires différents avec x palettes de couleurs aussi différentes, et pourtant, c’est ce qui se passerait si on venait à donner exactement le même travail à ces x laboratoires différents. Pourquoi ? Comme Bingham le conclut : probablement car les intervenants de l’industrie travaillent bien trop en silo pour se rendre compte de l’écart méthodologie d’un laboratoire à un autre, et que visiblement, les festivals et institutions non plus ne développent aucune vision d’ensemble. Je ne peux qu’espérer que son article fera étincelle chez ces intervenants afin de suivre le même cheminement que Bingham, moi ou d’autres ailleurs ont suivi, afin de bâtir par eux-mêmes le même état des lieux et faire le même exercice avec.
L’état des lieux
A l’époque des tubes cathodiques et du DVD, il y a environ 20 ans, de très nombreuses restaurations et remasters ont été étalonnés avec une certaine uniformité des couleurs, notamment une dérive rosâtre prononcée (le fameux magenta-push) et une tendance à un contraste balourd (brûlant notamment toutes les hautes lumières). Ce sont des marqueurs de l’époque où ont été créés ces masters HD, que l’on retrouve sur de nombreux masters HD dits préexistants (en opposition à des restaurations récentes), notamment ceux de la MGM et Universal (mais aussi parfois de Sony), et ces marqueurs sont en fait bien plus représentatifs des techniques de l’époque que des intentions artistiques des films concernés (comprendre : ces couleurs rosées et ce contraste poussé ne sont pas d’origine).
Vers environ 2013-2014 ont commencé à apparaître régulièrement des films étalonnés à nouveau de façon reconnaissable d’un film à l’autre, mais de façons différentes des tendances des 90s-2000s. 2 laboratoires en particulier sont concernés par cette apposition structurelle, spécifique et reconnaissable de signatures colorimétriques : Eclair et L’Immagine Ritrovata.
Ces laboratoires ne sont pas les seuls à avoir une signature reconnaissable. Plusieurs restaurations récentes chez/pour Paramount partagent des tendances photographiques, notamment au niveau de la gestion des teintes de peau (Airplane, Le flic de Beverly Hills, Ghost, Flashdance, Pretty in Pink, …), tandis que de nombreux films Fox restaurés récemment ont été ré-étalonnés avec des bleus cyan (ou sarcelle, pour être exact) particulièrement marqués (Desk Set, Wild River, The Bravados, …). Cependant, l’importante activité annuelle d’Eclair et Ritrovata explique la plus grande exposition de leurs travaux. Ainsi, s’il ne s’agit pas d’accabler spécifiquement ces 2 laboratoires, la quantité d’exemples qu’ils proposent permet d’illustrer les bases structurelles des questionnements de neutralité à la source qu’ils soulèvent.
Dans le cadre d’Eclair, ces étalonnages donnent des bleus canards, froids et métalliques de façon reconnaissable, refroidissant aussi les blancs et les bleutant (les chemises blanches masculines deviennent bleu clair, typiquement), avec en complémentarité des jaunes taxis saturés ou des oranges là aussi retrouvables de film en film. On peut dater leur apparition à environ 2015. Les films concernés datent au moins de 1956 à 1997.
Dans le cas de Ritrovata, la colorimétrie est plutôt jaunie et terne/voilée, renforçant les jaunes et les verts au détriment du bleu, avec des noirs décollés et colorés en vert/jaune. On y trouve aussi des carnations souvent couleur crème (comme chez Paramount). Plus rarement maintenant, mais de façon toujours aussi reconnaissable, la patine générale de l’image parait presque sépia, jaune orangé de façon très uniforme (Mariage à l’italienne, La dixième victime, Le syndicat du crime). Ces choix donnent à l’image un rendu considéré « vintage » de façon volontaire et structurelle. Cela nous a été confirmé par le laboratoire lui-même de vive voix auprès de nous (cf notes additionnelles plus bas). On retrouve cette signature dès 2009, mais de façon plus récurrente plutôt depuis 2014. Les films concernés courent au moins de 1953 à 1989.
Des signatures telles qu’on peut reconnaître le laboratoire avant le directeur de la photo
Ces signatures ne relèvent pas de la simple présence générale de « jaune » ou de « bleu », mais d’un type spécifique et reconnaissable de traitement des couleurs dans leur ensemble. Même si on résume ces signatures à une couleur symptomatique pour simplifier (bleu Eclair, cyan Fox, jaune Ritrovata, etc), ces étalonnages portent CES jaunes là, CES bleus là, ces noirs colorés de CETTE façon-là, d’où la notion de signature et non de simple dérive (sinon, on les confondrait bien plus souvent). Ces signatures restent visibles d’un film à l’autre même quand ils font l’objet de « supervision » et autres « approbations » par des référents liés aux films concernés : réalisateurs, directeurs de la photo, etc. Enfin, elles « contaminent » même parfois les panneaux textes en amorce ou en fin de film, panneaux techniques noir et blanc pourtant générés numériquement et qui ne devraient a priori ne pas porter de dérives particulières.
Le cas d’Eclair, notamment via l’évolution du travail de Bruno Patin, est instructif : étalonneur historique d’Eclair pourvu d’une indéniable expérience dans ce métier (près de 30 ans tout de même), son travail traverse le marché des restaurations au moins des 10 dernières années, incluant la bascule qui a visiblement eu lieu chez Eclair autour de 2015. L’interview donné par le laboratoire à DVD Classik donne notamment une hypothèse structurelle puis un exemple intéressant à comparer à la réalité. Structurellement, il suggère des esthétiques spécifiquement décennales : une esthétique 50s, une autre 60s, une autre 70s, etc. Or, en pratique, la signature de ses étalonnages depuis 2015 traverse environ 50 ans de cinéma, des années 50s avec Marie-Antoinette ou Katia jusqu’aux années 90s avec les films de Chabrol, Pialat ou Berri. L’hypothèse décennale est donc réfutable. Il utilise ensuite l’exemple du (alors) récent remaster HD de La chèvre (utilisé pour le Blu-ray 2014 Gaumont Découverte) pour parler de l’amélioration de la fidélité aux couleurs, fidélité dont cet étalonnage serait un excellent exemple. Or, cela fait au moins 5 ans que ces étalonnages ont virtuellement disparu des travaux du laboratoire, comme en témoignent de nombreux autres films de Veber et/ou avec Pierre Richard restaurés depuis 2015 par Eclair pour Gaumont. Dit autrement : si La chèvre devait être nouvellement restauré, l’étalonnage serait sans doute modifié et rapproché de ces films, tandis que les pratiques si qualitatives appliquées à La chèvre en 2013-2014 ne sont visiblement plus appliquées depuis.
Cette analyse peut s’appliquer à d’autres restaurations de cette période et issues d’Eclair, comme par exemple Sauve qui peut (la vie), étalonné chez Eclair par Giovanni Zimolo, sous la supervision d’André Labbouz pour Gaumont, qui date au plus tard de fin 2014 et qui n’a aucunement les caractéristiques colorimétriques illustrées plus haut. Au sein des titres du catalogue Gaumont d’ailleurs, une logique telle qu’une volonté issue du client d’avoir ce look ne colle donc pas, sauf à considérer qu’après des années de métier, André Labbouz a soudainement et considérablement changé son regard en la matière.
Bref : les raisonnements structurels suggérés ne permettent pas de répondre à la réalité des résultats.
Ces signatures ne s’expliquent donc pas :
- par une logique d’esthétique propre à une époque (60s, 70s, 80s, etc) puisqu’elles traversent quasiment 50 ans de cinéma.
- par une logique géographique car le cinéma du monde entier est concerné (même si Ritrovata restaurent beaucoup de films surtout italiens et Eclair de films français).
- par une logique humaine ou technique puisque tous les types de tournage, pays, genres cinématographiques, réalisateurs et techniciens sont concernés. Elles dépassent qui plus est les supervisions/approbations de référents techniques.
- par une logique d’ayant-droits avec un cahier des charges particulier car au moins une dizaine de catalogues sont concernés.
Elles ne s’expliquent pas non plus par des pratiques et/ou limites techniques liées à l’argentique puisque les étalonnages d’Eclair et Ritrovata formeraient alors un ensemble homogène empêchant de pouvoir deviner qui a fait quoi : ce n’est en réalité qu’exceptionnellement le cas (environ 5 films sur 200). Il faudrait alors compter sur un hasard particulièrement habile pour qu’une répartition aussi compartimentée de centaines de films (si tant est qu’ils soient censés originellement l’être) soit si rigoureusement corrélée à celle des labos ayant effectué les travaux. Tous calculs faits, et en ne considérant que ces deux laboratoires, la probabilité que rien que 24 films soient attribués au bon laboratoire atteint déjà celle de trouver les six bons numéros au loto : 1 chance sur près de 20 millions)… Nos listes plus bas étant presque 10 fois plus fournies que ça, cela donne 0,000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000054% de chance !
Bref, chaque hypothèse historique, qu’elle soit technique ou artistique, vient avec sa cohorte de contre-exemples permettant de la réfuter.
Pas question de regretter les mauvaises pratiques d’il y a 20 ans, mais de s’inquiéter d’un éternel recommencement sous une forme différente.
Pas question ici cependant de regretter les étalonnages magenta sur-contrastés tout pétés d’il y 20 ans. On ne peut pas se référer à ces étalonnages incorrects, et d’ailleurs, plus grand monde de sensé ne le fait. Non : ces nouvelles couleurs questionnent parce qu’on les retrouve sur des dizaines de films qui n’ont, a priori, aucune raison de les partager, et cette question se pose sans avoir à regarder les anciens étalonnages.
De même, il ne s’agit pas d’une guéguerre entre « anciens » et « modernes » (allez savoir ce qui se cacherait précisément derrière ces termes), encore moins entre les Européens et les Américains (les pratiques divergent rien qu’en France), tout comme il ne s’agit pas de questionner le professionnalisme des laboratoires concernés, qui font leurs restaurations sur du matériel étalonné, avec des recherches d’éléments exhaustives et un flux de travail technique construit, conscient, techniquement structuré et qu’ils sont en mesure de défendre solidement. D’ailleurs, le questionnement dépasse globalement les frontières et la seule volonté d’attaquer certains laboratoires, et il est partagé par des « amateurs éclairés » et professionnels.
Le questionnement est autrement plus simple et non-comparatif : puisqu’un film donné n’est pas censé avoir 10 « intentions esthétiques d’origine » différentes, il devrait sortir de n’importe quel laboratoire avec le même étalonnage (à quelques menues fluctuations près). Or, il apparaît au fil des années que peu importe les films passant dans les mains de certains labos, ces films en ressortent avec l’application d’une esthétique uniformisée et clairement spécifique au laboratoire, au point où on peut anticiper le résultat rien qu’à l’annonce de qui va se charger de l’étalonnage de la restauration. Il s’agit donc de poser la question d’une absence de neutralité à la source si notable qu’elle n’est pas seulement visible, mais reconnaissable et attribuable avec un taux d’échec extrêmement faible.
Autrement dit : les étalonnages de ces films seraient conformés ostensiblement aux pratiques internes des laboratoires plutôt que le contraire. Échangez les laboratoires, et vous échangerez les couleurs des films restaurés… ce qui ne devrait évidemment pas être le cas. Le corollaire : une restauration dont on pense qu’on « retrouve enfin les couleurs d’origine » aurait un tout autre étalonnage si restauré ailleurs. Donc quelles couleurs d’origine aurions-nous retrouvé, exactement ?
Concrètement, cela signifie que si Le bon la brute et le truand devait être restauré chez Eclair, il ressemblerait sans doute moins à son étalonnage 2014 Ritrovata qu’à celui de la nouvelle restauration du Garçu. Et Le garçu étalonné chez Ritrovata se rapprocherait probablement plus de La dixième victime que de Mélo. Bref, l’étalonnage de ces restaurations devient une équation Restauration = couleurs d’origine plus la signature du laboratoire. Ou, plus problématiquement : Couleurs d’origine = restauration minus la signature du laboratoire. Cet état serait résumable à travers ces 2 schémas :
La théorie :
Et la pratique :
Après « la photo de Coutard » : « les couleurs de Bruno Patin »
Le temps aidant, les films concernés forment maintenant de corpus toujours plus larges d’œuvres aux couleurs restaurées clairement attribuables à ces laboratoires. Il y avait « ah, formidable cette photo de Raoul Coutard », il y a donc maintenant « on reconnait bien les bleus de tel étalonneur ». Ce constat laisse perplexe puisqu’un travail de restauration est, par définition, censé être transparent à la source. On peut donc questionner en quoi la situation actuelle ne serait pas similaire à celle d’il y a 20 ans : après le magenta push, le Eclair push et le Ritrovata push ? Le Paramount Skin Tones ? Le Fox Teal Touch ?
Par opposition, si ces pratiques spécifiques à quelques laboratoires permettent supposément enfin de retrouver les vraies couleurs d’origine des films… alors tous les autres labos de France, d’Europe et du monde ne les respectent pas puisque ne générant clairement pas ces résultats. De par la dichotomie visible actuellement sur le marché, défendre les uns (disons Eclair et Ritrovata) revient donc automatiquement à questionner les autres (VDM, Mikros, Hiventy en grande partie, Colorworks, MPI, OCN Labs, Deluxe Londres, etc.). Il ne s’agit ensuite plus que d’estimer si, dans l’immensité des laboratoires de restauration dans le monde, il semble plus plausible que seuls quelques labos fassent les choses correctement et tous les autres non, ou le contraire… Une posture plus que délicate à assumer, impliquant notamment de supposer certains laboratoires plus respectueux que d’autres.
Qui plus est, il faut à nouveau rappeler que même Eclair n’étalonnaient pas leurs restaurations de cette façon signée encore en 2013-2014, mais aussi que l’immense majorité des restaurations aux étalonnages plus neutres a été fort bien reçue pendant des années et continue de l’être… ajoutant une couche de brouillard supplémentaire sur qui seraient les meilleurs élèves. Les retours techniques sur ces restaurations nous auraient-ils mal éduqués pendant toutes ces années ?
De par la dichotomie actuelle du marché, estimer les uns représentatifs des techniques ou limites argentiques d’origine implique forcément de rejeter les autres car travaillant clairement différemment. Une posture délicate.
Enfin, si l’on devait questionner ces différents « courants » à travers un prisme des « anciens » face aux « modernes », la restitution des limites des techniques argentiques d’il y a plusieurs décennies (et toutes leurs imperfections) face à la métronomie et au modernisme rendus possibles par la puissance des outils numériques actuels, quels courants appartiendraient à quelle philosophie ? La capacité de reproduire une signature colorimétrique de façon récurrente et reconnaissable, film après film, année après année, semble-t-il peu importe le matériel physique en amont, n’est-elle pas précisément une pure expression des possibilités numériques d’aujourd’hui ? N’est-ce pas précisément l’élimination, ou au moins la couverture, des approximations et variations supposément intrinsèques au travail photochimique d’alors ?
La question n’est pas anodine. Une œuvre convoie aussi ses intentions par ses visuels, et jauger la fidélité colorimétrique d’une restauration nous confronte parfois à nos préjugés : les westerns estivaux sont-ils forcément solaires et brûlants ? les drames froids ? les films avec des policiers bleus ? Et s’ils le sont censés, avec quelle variance ? Les bleus des films français sont-ils bleus roi, canard, sarcelle, azur, saphir, ou le cinéma français a-t-il réellement visé (et touché) pendant 40 ans le même bleu canard indépendamment de qui, quoi ou comment ? Les jaunes de Sergio Leone étaient-ils blonds, dorés, pastels, orangés ? Comment alors juger la justesse de l’étalonnage de 2014 et savoir ce qui tient de l’intention originelle de ce qui a été poussé par la restauration ? A quoi ressembleraient des westerns italiens restaurés par Eclair ou les films de Chabrol et Pialat par Ritrovata ? Et surtout : comment réagirait-on face au probable résultat ?
La question n’est pas anodine. Une oeuvre convoie aussi ses intentions par ses visuels et nous confronte parfois à nos préjugés : les westerns sont-ils forcément solaires et brûlants ? les drames froids ? les films avec des policiers bleus ?
Un exemple fascinant de l’importance de ces choix est Sonate d’automne (Ingmar Bergman, 1978), étalonné en 2013 de façon étonnamment chaude pour un film aussi dur mais de façon raccord avec son titre, puis de façon bien plus froide en 2018, en raccord avec son contenu mais plus avec les teintes automnales de 2013. Comment alors savoir si il était normal de s’étonner des couleurs si chaudes de 2013 et trouver audacieux cette opposition de ton entre la photo et le contenu du film ? Le film est-il en fait moins audacieux visuellement que cela ? Fallait-il y découvrir un puissant drame se jouant en pleine lumière, ou était-ce une déroute totale ? Une question cinématographiquement et historiquement cruciale pour le spectateur, mais encore aujourd’hui sans aucune réponse claire.
EDIT : 22 avril 2024
Afin de pousser cette investigation un cran plus loin dans sa logique analytique et dépassionnée, j’ai essayé d’exploiter la liste ci-dessous de façon statistique, en utilisant le logiciel de statistiques Minitab 21. Pour cela, j’ai intégré l’ensemble des films cités plus bas, complété avec une palette variée de films restaurés et parus en vidéo ces dernières années chez divers éditeurs (Pathé, Gaumont, Carlotta, Arrow, Criterion, BFI, Arbelos, ESC, Le chat qui fume, etc) ou vus en salles (comme au festival Lumière). Aux environ 277 films attribués à Eclair et Ritrovata se sont ainsi ajoutés environ 164 films (il y a des doublons et des coffrets), dont les restaurations ont été étalonnées entre autres par VDM, Toei, Silver Salt, Roundabout, Shochiku, R3store Studios, Imagica, Hiventy, Final Frame, Cité de mémoire ou encore Deluxe/Colorworks, concernent des films entre autres américains, français, sénégalais, japonais, suédois, britanniques ou italiens, produits/sortis entre 1959 et 2008. Tant que disponible, toute supervision a aussi été notée, au moins pour référence.
L’échantillon total fait ainsi 441 films, allant de 1953 à 2008.
Ensuite, cette base de données a été traitée dans Minitab pour tester plusieurs des hypothèses proposées ci-dessus. Pour cela, la présence/absence, l’intensité et la constance de ces signatures (Eclair d’un côté, Ritrovata de l’autre) ont été notées sur une échelle allant de -10 (signature Eclair bleu canard évidente et constante, comme par exemple sur Le petit Marcel ou Uranus) à +10 (signature Ritrovata jaunâtre évidente et constante, comme par exemple sur Jours d’amour ou Le pistonné). Les cas de films où un laboratoire s’est occupé de l’étalonnage restauré mais dont le résultat fait penser à la signature d’un autre laboratoire ont été notés selon le seul résultat à l’écran. Ainsi, un film comme La religieuse, étalonné par Ritrovata mais qui fait penser à la signature d’Eclair, a un score négatif. Ces scores ont été considérés comme des données de sortie continues, les films comme des données d’entrée discrètes, les tests effectués au risque alpha traditionnel de 5%.
De ce tableau général de score, deux tableaux ont été extraits :
- un tableau consacré à Ritrovata, afin d’analyser sur les teintes qu’ils donnent à leurs travaux sont trouvables ailleurs que chez eux. Pour cela, les notes précédentes ont été recréées mais sur une échelle de 0 à 10, 0 étant l’absence de teintes usuellement visibles chez Ritrovata (comme sur, disons, Solo ou Smooth Talk), 10 la présence évidente de la signature colorimétrique du labo;
- un tableau équivalent pour Eclair.
Ces deux tableaux permettent, notamment, de constater si Ritrovata et Eclair travaillent à part de tous ces autres labos. Les résultats sont sans appel : pour Ritrovata, 91.5% des résultats visibles s’expliquent par le laboratoire derrière l’étalonnage, 94.82% pour Eclair. Dans les deux cas, les valeurs de p sont à 0.000 (c’est-à-dire que l’on retient l’hypothèse que, respectivement, Ritrovata et Eclair travaillent à part des autres labos).
Pour les deux laboratoires, aucune corrélation chronologique n’est détectable, les modèles expliquant respectivement 7.3% et 0.0% de la présence ou non d’une signature visible :
Un tableau fusionné des deux laboratoires a ensuite été créés afin de comparer les résultats issus uniquement de ces deux laboratoires, et ainsi vérifier si, au sein de ces deux laboratoires, les signatures colorimétriques étaient interchangeables d’une part (si on venait à donner un projet aux deux laboratoires, il serait possible d’en rapprocher les résultats colorimétriques), si une logique chronologique en ressortait d’autre part. Logiquement, au vu de ce qui est montré plus haut, il n’y a pas de corrélation chronologique, et le laboratoire au travail explique à 93.2% les résultats visibles (valeur de p : 0.000) :
Si l’on dézoome maintenant plus largement pour regarder si, au sein de l’ensemble des 441 résultats compilés, ces signatures se retrouvent chez les uns ou chez les autres, et ce en donnant une légère pondération à des travaux qu’on pourrait trouver dans la même lignée (balance des blancs très typées, noirs colorés, traitement des bleus, traitement de la saturation, etc), cela donne les résultats totaux suivants :
Comme on le voit, les colorimétries visibles chez Eclair et Ritrovata leur sont propres. Par ailleurs, les boîtes à moustaches par année montrent qu’il n’y a encore et toujours aucune corrélation chronologique, puisque le balayage de l’échelle -10 / +10 se fait sur l’ensemble de la période (1953-2008), y compris parfois sur une seule et même année, et que c’est purement laboratoire dépendant dès que l’on migre vers l’une ou l’autre signature (le modèle explique 92.51% des résultats visibles).
Si l’on travaille maintenant par géographie, et après avoir regroupé de façon simplifiée les innombrables co-productions, cela donne la dispersion suivante par pays, où l’on voit à nouveau que l’échelle de score peut être balayée intégralement pour un même pays de production. Le modèle est moitié moins puissant (43.9%) que celui basé sur les laboratoires.
Enfin, un dernier tableau a été extrait, dans lequel les scores attribués ont été volontairement radoucis, afin d’avoir plus de valeurs intermédiaires et moins de valeurs extrêmes (et ainsi tenter de limiter les effets de leviers). Cela donne l’ajustement suivant, qui ne change quasi rien aux puissances des modèles liés aux seuls laboratoires (qui n’a perdu que 0.6% d’explication des résultats) :
Ce modèle n’est pas sans limite. Les deux plus évidentes sont l’échantillonnage (partiel, tant pour les travaux issus des deux laboratoires étudiés que des travaux qui n’en sont pas issus), et la méthode de scoring (forcément biaisée puisqu’elle part sur une logique d’identification de quelque chose supposé bel et bien présent, puisque c’est moi qui ai émis les scores). Par ailleurs, il n’évalue pas les autres signatures que l’on peut trouver sur le marché, comme celle qu’on a pu voir (et parfois lister plus bas) pour les films Fox Deluxe, plusieurs travaux pour Paramount, ou encore une certaine touche visible chez Hiventy ci et là. Il aurait sinon fallu passer sur des données de sortie discrètes, ou bien tenter d’émettre une structure de type radar, et les modèles deviennent alors bien plus complexes à travailler.
Pour autant, si l’on part de la base décrite originellement dans cet article, c’est-à-dire que ces signatures sont présentes et qu’elles sont caractérisables de la sorte d’un laboratoire à l’autre (deux choses qui, à ma connaissance, n’ont jamais été réfutées factuellement), le seul ajustement à apporter aux scores seraient de potentiellement les adoucir encore, ce qui ne serait de toute manière pas suffisant pour empêcher un tel modèle de rester explicatif d’au moins 80% des résultats visibles. Et avec une telle corrélation, n’importe quel projet industriel arrêterait de chercher ailleurs. Donc pourquoi faudrait-il continuer ici quand un unique facteur apporte une telle structure à l’ensemble, que bien des industries adoreraient trouver dans les études de process qu’elles peuvent lancer ?
J’espère en tout cas que ces analyses injecteront une dose scientifique supplémentaire (s’il en fallait) à ce qui était déjà constatable visuellement sur le marché, et réfuteront encore un peu plus les hypothèses analysées et déjà réfutées plus haut, ce de façon statistiquement significative.
Quoi qu’il en soit, voici une liste des films concernés en fonction des laboratoires concernés. Elle vise à cartographier les corpus qu’ils constituent par leur uniformisation reconnaissable, mais aussi d’illustrer l’aspect hétéroclite des restaurations reconnaissables. La liste n’est pas exhaustive tandis que certains cas sont moins intenses que d’autres au point que leur inclusion ici soit potentiellement discutable. A minima, puisque leur laboratoire d’origine reste reconnaissable au moins ponctuellement, la signature reste visible d’où leur inclusion mais avec mention (ces cas sont surlignés en bleu). Cette liste étant sans aucun doute amenée à s’allonger, elle sera mise à jour régulièrement.
Listes des films concernés :
L’immagine Ritrovata / L’image retrouvée :
Film | Année | Pays | Supervision / Approbation | Note |
---|---|---|---|---|
Les 3 mousquetaires | 1953 | France | ||
100 Years of Olympic Games : White Vertigo | 1956 | Italie | ||
100 Years of Olympic Games : Cortina d’Ampezzo | 1956 | Italie | ||
100 Years of Olympic Games : Rome 60 | 1960 | Italie | ||
1900 | 1976 | Italie | Bernardo Bertolucci | Couleurs modifiées pour l’édition Koch allemande |
L’affaire Mattéi | 1972 | Italie | Restauration diffusée sur The Criterion Channel | |
A la recherche du plaisir | 1972 | Italie | Couleurs en partie modifiées par Camera Obscura, master modifié repris par Le chat qui fume, mais signature encore perceptible | |
L’amant | 1992 | France | Restauration 4K parue chez Pathé, couleurs modifiées pour l’édition Capelight allemande | |
Amarcord | 1973 | Italie | Restauration 4K 2015, parue en Italie puis chez Criterion dans leur coffret Fellini | |
Beau-père | 1981 | France | ||
A Better Tomorrow | 1987 | Hong Kong | Restauration 4K, parue en Blu-ray à HK | |
The Big Boss | 1971 | Hong Kong | Paru chez Metropolitan, couleurs modifiées pour l’édition Shout US et modifiées différemment pour l’édition US Criterion; Arrow sont eux repartis des scans bruts pour encore un autre résultat | |
Big Guns | 1973 | France / Italie | Couleurs modifiées pour l’édition UK Radiance | |
The Black Cat | 1981 | Italie | ||
The Bloodstained Butterfly | 1971 | Italie | Couleurs modifiées pour l’édition Camera Obscura | |
Le bon, la brute et le truand | 1966 | Italie | Sergio Salvati, assistant cameraman | Restauration 4K 2014, couleurs modifiées par Kino une première fois en 2017 puis à nouveau en 2021 |
Cadavres exquis | 1976 | France / Italie | ||
Calmos | 1976 | France | ||
Camille Claudel | 1988 | France | Bruno Nuytten | De façon intéressante, de nombreux plans ressemblent plutôt à un travail de chez Eclair |
Cartouche | 1962 | France | ||
Center Stage | 1991 | Hong Kong | ||
Le chat à neuf queues | 1971 | Italie | Paru chez Les films du Camélia, couleurs modifiées pour les éditions Arrow | |
La cité de la joie | 1992 | France / UK | Nouvelle restauration 4K 2019 | |
La cité de la violence | 1970 | Italie / France | Restauration parue en 2022 aux USA et en Angleterre | |
The Climber | 1975 | Italie | ||
La couleur de la grenade (version Paradjanov) | 1969 | Arménie | ||
Coup de torchon | 1981 | France | ||
Les damnés | 1969 | Italie | ||
Death Walks on High Heels | 1971 | Italie | ||
Death Walks at Midnight | 1972 | Italie | ||
La dixième victime | 1965 | Italie | ||
Django, Prepare a Coffin | 1968 | Italie | ||
Dragon Inn | 1967 | Taiwan | Hui-ying Hua (DP) | |
Driving Miss Daisy | 1989 | USA | Restauration 4k parue chez Pathé | |
L’échiquier du vent | 1976 | Iran | Mohammad Reza Aslani, Gita Aslani Shahrestani, Houshang Baharlou (DP) | |
Fantozzi | 1975 | Italie | Daniele Cipri (DP) | |
A Fistful of Dollars | 1964 | Italie | Blu-ray US Kino 2018, couleurs modifiées pour l’édition Kino 2022 | |
Les fleurs de Shanghai | 1998 | Taiwan | Hou Hsiao-hsien | |
Flic Story | 1975 | France | ||
Les frissons de l’angoisse | 1975 | Italie | Luciano Tovoli | Nouvelle restauration 4K 2015, couleurs modifiées par Arrow pour leur édition Blu-ray. Aucun Blu-ray utilise actuellement la restauration avec son étalonnage Ritrovata d’origine, mais le DCP projeté à Lyon en 2015 dans le cadre du festival Lumière portait clairement la signature du laboratoire, ce qu’Arrow a fait complètement éliminer de leur master… dont l’étalonnage a été à peu près acclamé par tout le monde |
La fureur de vaincre | 1972 | Hong Kong | Paru chez Metropolitan, couleurs modifiées pour l’édition Shout US et modifiées différemment pour l’édition US Criterion; Arrow sont eux repartis des scans bruts pour encore un autre résultat | |
La fureur du dragon | 1972 | Hong Kong | Paru chez Metropolitan, couleurs modifiées pour l’édition Shout US et modifiées différemment pour l’édition US Criterion; Arrow sont eux repartis des scans bruts pour encore un autre résultat | |
Le futur est femme | 1984 | Italie | Pas de certitudes que l’étalonnage ait été fait chez Ritrovata mais la restauration y ressemble très fortement en tout cas | |
Les galettes de Pont-Aven | 1975 | France | Signature légère et modulée, surtout perceptible sur certains plans en 2ème moitié du film | |
Les grandes manoeuvres | 1955 | France | ||
L’homme sans mémoire | 1974 | Italie | ||
Le hussard sur le toit | 1995 | France | Thierry Arbogast (DP) | |
Il était une fois en Amérique | 1984 | USA / Italie | Director’s Cut | |
Il était une fois en Chine 3 | 1992 | Hong Kong | Signature visible seulement sur quelques plans | |
Il était une fois la révolution | 1971 | Italie | Restauration 2K 2009, parue par exemple en Angleterre chez Eureka | |
Indochine | 1992 | France | Régis Wargnier | |
India Matri Bhumi | 1959 | Italie | ||
Insiang | 1976 | Thailande | Pierre Rissient (historien) | |
In The Heat Of The Sun | 1977 | Chine | Jiang Wen | |
Jabberwocky | 1977 | USA | ||
Le jardin des Finzi-Contini | 1970 | Italie / Allemagne | ||
Le jeu de la mort | 1978 | Hong Kong | Paru chez Metropolitan, couleurs modifiées pour l’édition Shout US et modifiées différemment pour l’édition US Criterion; Arrow sont eux repartis des scans bruts pour encore un autre résultat | |
Jours d’amour | 1954 | Italie | ||
Kakabakaba Ka Ba ? | 1980 | Philippines | ||
Kiarostami – Kanoon | 1975 – 1989 | Iran | ||
Kisapmata | 1981 | Philippine | Mike de Leon | |
La légende de la montagne | 1979 | Taiwan | ||
La légende du saint buveur | 1988 | Italie | ||
Lucky Luciano | 1973 | Italie | Francesco Rosi | |
Madame Claude (Just Jaeckin) | 1977 | France | Robert Fraisse (DP) | |
Le mâle du siècle | 1975 | France | ||
Made in Hong Kong | 1997 | Hong Kong | Fruit Chan | |
Le magnifique | 1973 | France / Italie | ||
Manille | 1975 | Thailande | Mike De Leon (DP) | |
Mariage à l’italienne | 1964 | Italie | Ennio Guarnieri, formé par Roberto Gerardi, DP du film | |
Le monde perdu de Vittorio de Seta | 1954-1959 | Italie | Théoriquement basé sur une copie restaurée photochimiquement dans les 90s sous supervision de De Seta | La précédente restauration, effectuée en 2008 par L’immagine Ritrovata, était supervisée par De Seta et son étalonnage beaucoup plus neutre |
Mort à Venice | 1971 | Italie | Marco Pontecorvo, disciple de Pasqualino De Santis, DP du film | |
The Night Evelyn Came Out of the Grave | 1971 | Italie | ||
Nous nous sommes tant aimés | 1974 | Italie | Luciano Tovoli | |
L’oiseau au plumage de cristal | 1970 | Italie | Luciano Tovoli | Paru chez Les films du Camélia, couleurs modifiées pour les éditions Arrow |
On l’appelle Trinita | 1970 | Italie | ||
Portier de nuit | 1974 | Italie | Liliana Cavani | |
Pane e cioccolata | 1974 | Italie | Luciano Tovoli | |
A Pistol for Ringo / The Return of Ringo | 1965 | Italie | ||
Le pistonné | 1970 | France | ||
Pixote | 1981 | Brésil | Rodolfo Sánchez (DP) | |
Police Story 1 | 1985 | Hong Kong | ||
Police Story 2 | 1988 | Hong Kong | ||
Police Story 3 | 1992 | Hong Kong | ||
La poudre d’escampette | 1971 | France / Italie | Jean-François Robin | |
La première fois | 1976 | France | ||
Les producteurs (Mel Brooks) | 1971 | USA | Restauration 4K parue chez Studio Canal UK, couleurs modifiées pour l’édition Kino US | |
Le professeur | 1972 | Italie | ||
Property Is No Longer a Theft | 1973 | Italie | ||
Que la fête commence | 1975 | France | ||
The Red Queen Kills Seven Times | 1972 | Italie | ||
La religieuse | 1966 | France | Ressemble parfois plutôt à un étalonnage Eclair | |
Revenge (de Yermek Shinarbayev) | 1989 | URSS | ||
Fellini’s Roma | 1972 | Italie | ||
La ruée des Vikings | 1961 | Italie | ||
Serpico | 1973 | USA | Nouvelle restauration 4K 2020 | |
Seven Deaths in the Cat’s Eye | 1973 | Italie | ||
Le spécialiste | 1969 | Italie | Signature visible uniquement sur quelques plans | |
The Suspicious Death of a Minor | 1975 | Italie | ||
Taipei Story | 1985 | Taiwan | Hou Hsiao-hsien | |
Théorème | 1968 | Italie | Luca Bizzani | |
A Touch of Zen | 1971 | Taiwan | Hui-ying Hua (DP) | |
The Tree of Wooden Clogs | 1978 | Italie | Ermanno Olmi | Parue chez Criterion, couleurs complètement modifiées sur l’édition Arrow UK |
Ulysse | 1954 | Italie | Parue chez Studio Canal, couleurs modifiées pour l’édition Kino US | |
Du côté de la côte, Les dites cariatides, Oncle Yanco, Black Panther, Lions Love and Lies, Mur Murs (Agnès Varda) | 1958 – 1984 | France | Coffret Agnès Varda chez Criterion | |
What Have You Done to Solange ? | 1972 | Italie | Couleurs modifiées pour l’édition Arrow | |
Sans doute une partie du coffret Wong Kar-wai paru chez Criterion (mais difficile de dire ce qui provient du laboratoire et ce qui vient du révisionnisme du réalisateur) | 1990 – 2004 | Hong Kong | Wong Kar-wai, Christopher Doyle pour Chungking Express | A minima In The Mood for Love |
Your Vice is a Locked Room and Only I Have the Key | 1972 | Italie | ||
La victime désignée | 1971 | Italie | ||
Visage écrit | 1996 | France / Japon | Supervisé par la Cinémathèque Suisse | Certaines séquences totalement signées, d’autres neutres |
Eclair :
Film | Année | Pays | Supervision / Approbation | Note |
---|---|---|---|---|
2 ou 3 choses que je sais d’elle | 1967 | France | Willy Kurant (DP) | |
La 7e cible | 1984 | France | ||
7 hommes en or | 1965 | France / Italie | ||
Agent trouble | 1987 | France | ||
L’albatros | 1971 | France | ||
Alberto Express | 1990 | France | ||
A mort l’arbitre | 1984 | France | ||
L’amour en douce | 1985 | France | ||
L’appât | 1995 | France | ||
L’argent | 1983 | France | Mylene Bresson | |
Atlantic City | 1980 | France / Canada | Edition Gaumont 2016 | |
L’aveu | 1970 | France / Italie | Costa-Gavras | Etalonnage Eclair par Raymond Terrentin |
Betty | 1992 | France | Les héritiers du film / MK2 | |
Black Moon | 1975 | France / Allemagne | ||
La bohème | 1988 | France / Italie / UK | ||
Boris Godounov | 1989 | France / Espagne / Yougoslavie | ||
Borsalino & Co | 1974 | France / Italie / Allemagne | ||
Céline | 1992 | France | ||
La cérémonie | 1995 | France | ||
C’est pas moi c’est lui | 1980 | France | ||
La chair de l’orchidée | 1975 | France | ||
Clair de femme | 1979 | France / Italie / Allemagne | ||
Clara et les chics types | 1981 | France | ||
Conseil de famille | 1986 | France | ||
Coup de tête | 1979 | France | ||
Deux hommes dans la ville | 1973 | France / Italie | ||
Le distrait | 1970 | France | ||
La drôlesse | 1979 | France | ||
Eaux profondes | 1981 | France | ||
Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause | 1970 | France | ||
L’enfance nue | 1968 | France | ||
L’enfer | 1994 | France | ||
Etat de siège | 1972 | France / Italie / Allemagne | Costa-Gavras | Etalonnage Eclair par Christian Dutac |
L’état sauvage | 1978 | France | ||
Europa Europa | 1990 | France / Pologne / Allemagne | Agnieszka Holland | |
La femme de mon pote | 1983 | France | ||
La femme qui pleure | 1979 | France | ||
La fille prodigue | 1981 | France | ||
Le fils du requin | 1993 | France | ||
Le gang | 1977 | France / Italie | ||
Garçon ! | 1983 | France | ||
Le garçu | 1995 | France | ||
Germinal | 1993 | France / Belgique | ||
La gifle | 1974 | France / Italie | ||
La gueule ouverte | 1974 | France | ||
Hanna K. | 1983 | France / Israël | ||
Hurlements en faveur de Sade | 1953 | France | Un cas quand même fabuleux : le film est composé uniquement d’images noires et blanches, et ici, les blancs deviennent vert pastel sous la signature du laboratoire | |
Hyènes | 1992 | Sénégal | Cas intéressant : la patte est bien moins marquée que d’habitude, et justement, si le travail vient de chez Eclair, l’étalonnage n’a pas été fait par Bruno Patin mais Aude Humblet | |
Il était une fois un flic | 1971 | France / Italie | ||
Il faut tuer Birgit Haas | 1981 | France / Allemagne | ||
Inspecteur Lavardin | 1986 | France | Tel qu’édité chez Arrow | |
Irma Vep | 1996 | France | Olivier Assayas | |
Je t’aime je t’aime | 1968 | France | ||
Le jumeau | 1984 | France | ||
Kamikaze | 1986 | France | ||
Katia | 1959 | France | ||
Lacombe, Lucien | 1974 | France / Italie / Allemagne | ||
Laisse aller c’est une valse | 1971 | France | ||
Au moins 16 films de Claude Lelouch | 1966-1994 | France | ||
Le lieu du crime | 1986 | France | ||
Litan | 1982 | France | ||
Lucie Aubrac | 1997 | France | ||
Le maitre nageur | 1979 | France | ||
Marie Antoinette, reine de France | 1956 | France / Italie | ||
Mélo | 1986 | France | ||
Les mille et une recettes du cuisiner amoureux | 1996 | France / Géorgie | ||
Mort d’un pourri | 1977 | France | ||
Muriel ou le temps d’un retour | 1963 | France / Italie | Florence Dauman | |
On peut toujours rêver | 1991 | France | ||
Pas de problème ! | 1975 | France | ||
Passe ton bac d’abord | 1979 | France | Principalement sur certains plans | |
Les patriotes | 1994 | France | ||
Le pays bleu | 1977 | France | ||
Peau d’espion | 1967 | France | ||
Peaux de vaches | 1989 | France | ||
Péril en la demeure | 1985 | France | ||
Le petit Marcel | 1975 | France | ||
Le petit prince a dit | 1992 | France | ||
La planète sauvage | 1973 | France | Florence Dauman & Fabrice Blin | Couleurs modifiées pour l’édition Camera Obscura allemande, nouvel étalonnage à venir chez Potemkine |
Le plein de super | 1976 | France | ||
Plein sud | 1981 | France | ||
Poulet au vinaigre | 1985 | France | Tel qu’édité chez Arrow | |
Pour la peau d’un flic | 1981 | France | ||
Préparez vos mouchoirs | 1978 | France / Belgique | Paru chez Cohen aux USA | |
La raison du plus fou | 1973 | France | ||
Rambo | 1982 | USA | ||
Rambo 2 | 1985 | USA | ||
Rambo 3 | 1988 | USA | ||
Rendez-vous | 1985 | France | ||
La reine Margot | 1994 | France | Patrice Chéreau | |
Rien ne va plus | 1997 | France | ||
Le sacrifice | 1986 | France / UK / Suède | ||
Section spéciale | 1975 | France / Italie / Allemagne | ||
Le silencieux | 1973 | France / Italie | ||
Solo | 1970 | France | ||
Sortez des rangs | 1996 | France | ||
Tchao Pantin | 1983 | France | ||
Le témoin | 1978 | France | ||
Thérèse | 1986 | France | Alain Cavalier | |
Le toubib | 1979 | France | ||
Tout feu tout flamme | 1982 | France | ||
La triche | 1984 | France | ||
Trois hommes à abattre | 1980 | France | ||
Les truffes | 1995 | France | ||
Une affaire de femmes | 1988 | France | Les héritiers du film / MK2 | |
Un chien dans un jeu de quilles | 1983 | France | ||
Un étrange voyage | 1981 | France | ||
Une histoire immortelle | 1968 | France | ||
Une histoire simple | 1978 | France / Allemagne | ||
Un homme à abattre | 1967 | France / Espagne | ||
Un homme amoureux | 1987 | France / Italie / UK | ||
Un homme de trop | 1967 | France / Italie | ||
Une journée bien remplie | 1973 | France / Italie | ||
Un linceul n’a pas de poches | 1974 | France | ||
Un nuage entre les dents | 1974 | France | ||
Une saison en enfer | 1972 | France / Italie | ||
Uranus | 1990 | France | ||
La valise | 1973 | France | ||
L’une chante l’autre pas, Daguerréotypes, Le bonheur, Réponse de femmes, Vagabond, 7p cuis s de b à saisir, Jane B by Agnès V, Kung Fu Master, Les cent et une nuits, Ulysse | 1965 – 1995 | France | Varda & Charlie Van Damme (DP) pour L’une chante l’autre pas | Coffret Agnès Varda chez Criterion |
Va voir maman, papa travaille | 1978 | France | ||
La vie dissolue de Gérard Floque | 1987 | France | ||
La vie, l’amour, la mort | 1969 | France | ||
Vie privée | 1962 | France | ||
Violence et passion | 1974 | Italie / France | Cas intéressant : le film est paru en 2012 aux USA chez Raro dans un vieux master HD, en 2013 chez Gaumont avec une restauration Eclair, puis en 2016 en Angleterre chez Eureka avec une restauration Ritrovata. Les 3 étalonnages sont complètement différents. | |
Le voleur | 1967 | France | ||
Z | 1969 | France / Algérie |
Paramount :
Film | Année | Pays | Note |
---|---|---|---|
48 Heures | 1982 | USA | Remaster 2021 |
Borsalino | 1970 | France / Italie | Etalonnage effectué chez Ritrovata |
Un fauteuil pour deux | 1983 | USA | Remaster 2020 |
Flashdance | 1983 | USA | Remaster 2020 |
Le flic de Beverly Hills | 1984 | USA | Remaster 2019 |
Ghost | 1990 | USA | Remaster 2020 |
The Golden Child | 1986 | USA | Remaster 2020 |
Liaison fatale | 1987 | USA | Remaster 2020 |
Love Story | 1970 | USA | Remaster 2020 |
Nashville | 1975 | USA | Remaster 2020 |
Pretty in Pink | 1986 | USA | Remaster 2020 |
Ragtime | 1981 | USA | Remaster 2021 |
Top Gun | 1986 | USA | Remaster 2020 |
Vanilla Sky | 2001 | USA | Remaster 2021 |
Y a-t-il un pilote dans l’avion ? | 1980 | USA | Remaster 2020 |
Fox :
Film | Année | Note |
---|---|---|
Les aventures de Jack Burton | 1986 | Parue chez L’atelier d’images |
The Best of Everything | 1959 | |
Bigger Than Life | 1956 | |
Black Widow | 1954 | |
Les Bravados | 1958 | |
Bus Stop | 1956 | |
Carousel | 1956 | |
Le crépuscule des aigles | 1966 | |
Desk Set | 1957 | |
The Detective | 1968 | |
De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites | 1972 | |
From The Terrace | 1960 | |
The Gang’s All Here | 1943 | Nouvelle restauration parue chez Twilight Time |
The Girl Can’t Help It | 1956 | |
Hell and High Water | 1954 | |
Hilda Crane | 1956 | |
House of Bamboo | 1955 | |
Les implacables | 1955 | Nouvelle restauration parue chez Twilight Time puis Sidonis en 2021 |
Les inconnus dans la ville | 1955 | |
The Inn of the Sixth Happiness | 1958 | |
Le jardin du diable | 1954 | Nouvelle restauration parue chez Twilight Time |
La lance brisée | 1954 | Nouvelle restauration parue chez Twilight Time |
The Last Detail | 1973 | |
Love is a Many-Splendored Thing | 1955 | |
Peyton Place | 1957 | |
Police Puissance 7 | 1973 | Nouvelle restauration 4K, parue chez Twilight Time aux USA et Wild Side en France |
The Hot Rock | 1972 | Paru chez Twilight Time |
The Return of Frank James | 1940 | Pas seulement typé au niveau des couleurs mais aussi excessivement sombre |
Rivière sans retour | 1954 | |
Le roi et moi | 1956 | Blu-ray uniquement, l’étalonnage a depuis été refait et c’est ce remaster qui est utilisé en streaming et en DCP |
Voyage au centre de la Terre | 1959 | Nouvelle restauration 4K |
Le voyage fantastique | 1966 | |
Voyage to the Bottom of the Sea | 1961 | |
Warlock | 1959 | Paru chez Twilight Time |
Wild River | 1960 | |
Will Success Spoil Rock Hunter ? | 1957 | Nouvelle restauration parue chez Twilight Time |
Bonus :
En décembre 2017, Criterion ont sorti aux USA un coffret regroupant 54 films officiels couvrant 100 ans de Jeux Olympiques, les restaurations ayant été réparties sur plusieurs laboratoires : Imagica, MPI et L’immagine Ritrovata. Chaque film en couleurs s’ouvre avec le logo officiel des JOs (les 5 anneaux bleu, noir, rouge, jaune et vert sur un fond uni « clair »), visiblement re-créé numériquement et inséré au début de ces restaurations. Voici un panel de ces logos pour certains des films situés en 1956 et 1976. Je vous invite à m’indiquer de quelles couleurs exactement sont censés être ces anneaux et le fond uni, car il est impossible de le deviner à partir de ces logos tant leur variance est importante.
Ping : Test Blu-ray : Le pays bleu (Gaumont) – TestsBluray.com
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Ping : Test Blu-ray : Jours d’amour (Carlotta) – TestsBluray.com