On ne peut pas dire que la filmographie de Lino Brocka soit facilement visible (en France comme ailleurs), et il est donc particulièrement enthousiasmant qu’après Insiang et Manille (il y a quelques années déjà), Bayan Ko reçoive un tel traitement. Il est d’autant plus enthousiasmant qu’il s’agit là d’une exclusivité mondiale, et que la sortie est carrément accompagnée d’un UHD HDR (non testé ici). Le Chat qui fume voit les choses techniques en grand, et c’est tout à son honneur.

Pour ce faire, le film a été numérisé en 5K à partir de son négatif original par VDM, puis restauré en 4K. Le résultat en HD est particulièrement convaincant. Le rendu visuel est frais et naturel, semble-t’il vierge de traitements numériques superflus ou intrusifs. On trouve au contraire une image à l’aspect argentique confortable et agréable en visionnage, offrant un très bon niveau de détails dans les plans serrés (capture 7) comme dans les plans plus larges (capture 10). Les plans moins éclairés montrent tout de même des remontées notables de grain (capture 13), mais rien qui ne paraisse pas d’origine. Cela étant dit, cela rend les séquences lumineuses plus instantanément flatteuses à l’oeil (captures 1 et 12), avec une finesse et une précision plus immédiatement détectables, là où les séquences plus sombres peuvent sembler légèrement moins précises.

L’étalonnage parait lui aussi convaincant, avec un certain équilibre des couleurs qui n’empêche pas une tendance à une palette assez chaude et esquivant une balance des blancs trop pure et neutralisante. Pas de dérive visible pour autant (dans un sens – magenta – comme dans un autre – jauni -). Sur ce point, l’étalonnage de Bayan Ko n’a globalement pas grand chose à voir avec ceux visibles sur Insiang ou Manille. Quant au couple contraste / luminosité, si on pourra trouver que certains plans peu lumineux paraissent légèrement voilés (là encore, comme les remontées de grain, il s’agit probablement de soucis d’origine), le reste du film offre un ensemble rarement terne mais au contraire plutôt efficacement contrasté.

Enfin, l’image a été très efficacement nettoyée et stabilisée (tant au niveau des couleurs que du cadre), et la compression se montre solide.

La VO est elle aussi plutôt efficace et évite plusieurs des limites fréquemment rencontrées en patrimoine. On trouve en effet un rendu sonore plutôt clair et ouvert, duquel les voix se projettent bien sans paraître artificiellement trop en avant. Les dialogues évitent ainsi d’être sourds ou étouffés, et même si la piste reste encore un peu plate, l’ensemble s’avère agréablement moins monocorde qu’anticipé, ce dont profitent notamment les séquences les plus chargées (comme en milieu ou en fin de film).

Suppléments

Le morceau de choix côté suppléments est une longue présentation de la carrière de Lino Brocka par Bastian Meiresonne, directeur artistique du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul (1h 01 min 40, 1080p), enregistrée pour cette édition et dans laquelle il détaille l’ensemble de la carrière et de la filmographie du réalisateur, et la replace notamment dans le contexte politique aux Philippines.

On trouve aussi une interview télévisée d’archives de Véra Belmont au sujet de son implication comme productrice sur le film (8 min 15, 576i) et enfin une courte interview de Lino Brocka au sujet du film dans le cadre de sa sélection officielle au festival de Cannes en 1984 (2 min 01, 576i).

Matériel de test :

Image	Panasonic TX-PF50G20S
Source	Zone B : PS3 Slim 250 Go | Zone A : Panasonic BDT-110
Son	Yamaha RX-V467
Enceintes	Kit 5.0 : Jamo S606 | Caisson : Jamo Sub210

Scan disc :

Taille Disque	45,121,330,368 bytes
Taille Film	31,418,112,000 bytes
Encodage Vidéo	MPEG-4 AVC Video / 34528 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VO	Philippine / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1641 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Captures d’écran HD :