
Auteur | Collectif |
Editeur | GM Editions – Carlotta |
Date de sortie | 16 juin 2018 |
Pagination | 250 pages |
Edité une première fois le 14 octobre 2016, mais au sein d’un coffret « Âge d’or du cinéma japonais » qui incluait aussi 6 films en DVD, Carlotta ré-édite le 14 juin 2018 ce Dictionnaire du cinéma japonais (1935-1975) dans une version brochée et sans DVD.
Pour profiter au mieux du contenu de ce dictionnaire, il faut impérativement en saisir les bornes, soit celles d’être un dictionnaire traversant 101 cinéastes en 250 pages (soit 2 pages et demie en moyenne par cinéaste, ce qui est relativement peu) et se cantonnant à une période donnée mais sans y être totalement strict. En effet, les filmographies d’auteurs ayant travaillé au-delà de 1975 ne vont bien évidemment pas être coupées à la truelle, comme si plus rien n’existait après cette période ! Idem pour ce qui la précède (on ne va pas parler d’Ozu et jeter de côté sa période muette pour commencer à 1935 tout pile). Nous sommes plutôt dans l’analyse de cinéastes tout simplement actifs durant cette période, mais dont l’ensemble des filmographies est discutée. C’est pour cela que les cinéastes totalement hors de cette période (Kitano ou Miyazaki typiquement) ne sont pas abordés dans l’ouvrage, mais que des films datant des années 80 (voire plus tard) sont abordés dans le cadre de cinéastes pourvus d’une activité entre 1935 et 1975.
De fait, la relative faible pagination malgré l’ampleur du nombre de cinéastes touchés donne à chaque entrée un aspect assez concis qui peut frustrer. Mais c’est, après tout, le principe d’un dictionnaire : l’exhaustivité du nombre de définitions, mais pas forcément des définitions exhaustives ou analytiques. C’est précisément ce que fait ce Dictionnaire et ses 101 cinéastes : retracer les parcours, les principales œuvres et les carrières, mais pas vraiment aller plus loin. Et avec ces 101 cinéastes, il est effectivement difficile de mettre en défaut le livre quant aux auteurs cités (même si évidemment, on pourra toujours creuser et se dire qu’il manque untel ou unetelle), où les artisans les plus reconnus côtoient les abonnés aux Kaiju Eiga (films de monstres) ou Pinku Eiga (films érotiques. On retrouve évidemment les cinéastes japonais les plus connus et reconnus et ce sont eux qui se taillent la part du lion avec parfois 3 voire presque 4 pages de texte dédiées : Kurosawa, Ozu, Mizoguchi, Naruse, etc. Les cinéastes connus mais moins canonisés ont droit aussi à leurs entrées étendues : Kobayashi, Shindo, Wakamatsu, Fukasaku. Les autres sont traités dans des entrées faisant 1 page – 1 page et demie, malgré des descriptifs de certains films capables de les rendre rapidement très intéressants (comme chez Kazuo Hara par exemple) et qui donnent envie d’en savoir plus (rendant la concision de l’entrée parfois frustrante).
Autant dire qu’en ce sens, il ne faut absolument pas s’attendre à des analyses plus poussées, et ceux qui pensent tirer cela de ce dictionnaire vont clairement en sortir déçus. Pour cela, il aurait fallu un dictionnaire soit plus spécifique (une période plus courte, une thématique filtrante, un nombre moindre de cinéastes) ou bien plus épais, mais on peut décemment supposer que ce n’est tout simplement pas ici l’exercice prévu.
Cependant, l’ensemble conserve un intérêt indéniable, y compris pour les cinéphiles ou nippophiles avertis, et même si les néophytes auront plus à y apprendre. En traitant une pléthore de cinéastes habituellement mis de côté (Adachi, Sakane, Hara, Yamatoya, etc) sans pour autant passer outre les figures les plus populaires, le dictionnaire brasse très très large et permet ainsi de découvrir à nouveau d’autres cinéastes, d’autres carrières, d’autres œuvres, tout en remettant régulièrement celles-ci en contexte (notamment dans le cadre d’une industrie cinématographique nippone assez fortement gouvernée par les studios tels que la Toho, Nikkatsu ou Daiei).
Cette remise en contexte se retrouve en fin de livre pour un classement par entrées réalisées de nombreux films sortis en France en salles. On y découvre que Entre le ciel et l’enfer a réalisé 6400 entrées seulement (contre 44 877 entrées 10 ans plus tôt pour Chien enragé et 904 000 pour Kagemusha) et L’île nue tout de même 755 761 entrées, pour 4 films millionnaires : King Kong s’est échappé (1 014 593), La porte de l’enfer (1 210 432) (oui oui le Kinugasa), Furyo (1 509 223) et le champion L’empire des sens (1 730 874) (contre 276 040 pour L’empire de la passion). Cela permet de prendre compte d’un échelonnement parfois très étrange entre les différents films, notamment à une époque où les prix prestigieux généraient vraisemblablement un boost de visibilité énorme (comme pour Kagemusha, La porte de l’enfer). A titre indicatif, depuis L’empire des sens en 1976, le seul film japonais à dépasser le million d’entrées est Le voyage de Chihiro en 2002 (1 436 845 entrées), malgré le pic de visibilité du cinéma asiatique (en vidéo comme en salles) entre 2000 et 2004.
C’est donc un panorama assez exhaustif qu’offre ce dictionnaire, et ces chiffres finaux sont une autre facette d’un cinéma ayant par intermittence percé à l’époque l’Occident mais dont une majeure partie est clairement restée pendant longtemps dans l’ombre. Il offrira assurément une belle porte d’entrée pour les curieux débutant dans ce cinéma et cherchant quelques repères.
Un bémol cependant, qu’on pourra trouver de taille pour un livre visant à ouvrir la curiosité du lecteur : une bonne idée du dictionnaire est de mettre en gras les films commercialement exploités en France et en italique les inédits. Pratique pour se faire une idée de ce qui reste encore totalement inédit chez nous. Sauf que l’exploitation commerciale en France englobe la salle, la TV et la vidéo… et que le livre ne précise jamais de quoi on parle ! Impossible donc de savoir si un film en gras est sorti uniquement en salles à l’époque puis plus rien, s’il est sorti en VHS ou directement en DVD et si ces éditions vidéos sont encore trouvables. Comme le livre ne contient aucune liste des titres disponibles en vidéo (au moins en DVD et au moins en France), cela peut vite transformer la recherche d’un titre particulier en travail archéologique et refroidir certains curieux. L’absence d’une telle liste est d’autant plus surprenante que Carlotta est l’éditeur ayant sorti en DVD une bonne partie des titres parus en France dans ce format.
Cette limite se manifeste aussi par l’absence de précision sur la date précise de sortie en salles des films exploités en France. L’initié sait que de très nombreux films sont sortis très tardivement en France (les films de Mizoguchi et Ozu notamment), mais ce décalage n’est jamais précisé (au minimum dans les chiffres du box office, ce qui contextualiserait certains scores).
Ce dictionnaire a été écrit sous la direction de Pascal-Alex Vincent Avec les contributions de Fabrice Arduini, Diane Arnaud, Catherine Cadou, Mathieu Capel, Simon Daniellou, Robin Gatto, Olivier Hadouchi, Yannick Kernec’h, Futoshi Koga, Osamu Kuroi, Claude Leblanc, Olivier Malosse, Eléonore Mahmoudian, Antoine de Mena, Stéphane du Mesnildot, Teruyo Nogami, Eithne O’Neill, Marie Pruvost-Deslapre, Clément Rauger, Julien Sévéon, Pascal-Alex Vincent, Junko Watanabe.
Il s’ouvre sur un avant-propos de Pascal-Alex Vincent puis une préface de KUROSAWA Kiyoshi.
Les 101 cinéastes traités sont : ADACHI Masao – FUJITA Toshiya – FUKASAKU Kinji – GOSHA Hideo – GOSHO Heinosuke – HANI Susumu – HARA Kazuo – HASEGAWA Kazuhiko – HASHIMOTO Shinobu – HIGASHI Yoichi – HISAMATSU Seiji – HONDA Inoshirô – ICHIKAWA Kon – IEKI Miyoji – IKEHIRO Kazuo – INAGAKI Hiroshi – IMAMURA Shohei – INOUE Umetsugu – ISHII Teruo – ITAMI Mansaku – ITO Daisuke – JISSOJI Akio – JONOUCHI Motoharu – KAMEI Fumio – KANAI Katsu – KATO Tai – KATSU Shintaro – KAWASHIMA Yuzo – KINUGASA Teinosuke – KINOSHITA Keisuke – KOBAYASHI Masaki – KUDO Eiichi – KUMAI Kei – KUMASHIRO Tatsumi – KURI Yoji – KUROKI Kazuo – KUROSAWA Akira – MAKINO Masahiro – MASAOKA Kenzo – MASUMURA Yasuzo – MATSUDA Sadatsugu – MATSUMOTO Toshio – MATSUYAMA Zenzo – MIFUNE Toshiro – MISUMI Kenji – MIZOGUCHI Kenji – MORI Kazuo – MORITANI Shiro – NAKAGAWA Nobuo – NAKAHIRA Ko – NAKAJIMA Sadao – NAKAMURA Noboru – NARUSE Mikio – NISHIKAWA Katsumi – NODA Yukio – NOMURA Yoshitaro – OFUJI Noburo – OKAMOTO Kihachi – OSHIMA Nagisa – OZAWA Shigehiro – OZU Yasujiro – SAITO Koichi – SAITO Torajiro – SAKANE Tazuko – SASAKI Yasuchi – SAWASHIMA Tadashi – SHIBUYA Minoru – SHIMA Koji – SHIMAZU Yasujiro – SHIMIZU Hiroshi – SHINDO Kaneto – SHINODA Masahiro – SONE Shusei – SUZUKI Hideo – SUZUKI Norifumi – SUZUKI Seijun – TAKABAYASHI Yoichi – TANAKA Kinuyo – TANAKA Tokuzo – TAKECHI Tetsuji – TERAYAMA Shuji – TESHIGAHARA Hiroshi – TEZUKA Osamu – UCHIDA Tomu – URAYAMA Kirio – WAKAMATSU Koji – WATANABE Kunio – YABUSHITA Taiji – YAMADA Yoji – YAMAMOTO Eiichi – YAMAMOTO Kajiro – YAMAMOTO Satsuo – YAMAMURA So – YAMANAKA Sadao – YAMASHITA Kosaku – YAMATOYA Atsushi – YASUDA Kimiyoshi – YOSHIDA Yoshishige – YOSHIMURA Kozaburo – YUASA Noriaki