
Auteur | Constant Voisin |
Editeur | Rouge profond |
Date de sortie | 24 octobre 2019 |
Pagination | 448 pages |
Sono Sion, malgré une carrière très riche et une visibilité occidentale relativement importante depuis Suicide Club en 2001, reste un cinéaste dont de nombreuses facettes sont difficilement perceptibles chez nous, faute d’avoir accès à l’ensemble de ses oeuvres, mais surtout à beaucoup de contenu analytique sur lui et ses films.
Avec ce livre-entretien de Constant Voisin de plus de 440 pages, fruit d’une première rencontre en 2014 puis d’un rapprochement initié par Sion qui a invité Voisin à être assistant sur les tournages de The Virgin Psychic (2015) et Antiporno (2016), c’est à la fois l’homme et l’oeuvre qui sont décortiqués de façon exhaustive et efficace par Voisin.
Le livre est découpé de façon chronologique, enchainant film après film les échanges avec le réalisateur, tantôt sur le contenu des films eux-mêmes et les thèmes récurrents traversant sa filmographie, tantôt sur les aspects plus pratiques des tournages. Voisin analyse ensuite plus personnellement les oeuvres, quitte à ne pas être très indulgent envers les réalisations qu’il estime les plus dispensables. Sion, lui, parait se livrer de façon libre et très sincère (indiquant notamment que le fait que ce livre sorte en français lui permet d’y aborder des points considérés tabou au pays du soleil levant). En résulte un entretien foisonnant, et surtout la sensation d’un réel approfondissement de la compréhension des motivations du réalisateur et des récurrences parsemant son oeuvre, sans que cela ne paraisse jamais tiré par les cheveux : thématiques, atmosphères des films choix des interprètes, types de production, etc etc.
Il est d’ailleurs révélateur que le découpage de la filmographie en quatre grands blocs (Période Super 8 1984-1988, période expérimentale 1990-2001, période destruction 2001-2011 et enfin période reconstruction 2011-2017 – le livre s’arrête à The Bastard & The Beautiful World) semble constamment pertinent par la façon dont Sion et ses films paraissent le justifier.
Evidemment, tous les films de Sion ne se prêtent pas forcément à d’interminables précisions (soit parce qu’il s’agit d’oeuvres fondamentalement commerciales que Sion semble à deux doigts de renier, soit plus rarement des films inachevés), et certains sont traités de façon extrêmement brêve (Shinjuku Swan 2 est évacué en une seule page, Sono Sion Fantasia en deux pages) là où d’autres le sont bien plus longuement (15 pages pour Bad Film, 17 pages pour Tag). Quand bien même, Voisin prend alors parfois le relais pour compléter les films moins approfondis par Sion lui-même. Là aussi, cela permet de contextualiser et approfondir même des réalisations plus mineure de Sion afin de toujours offrir des clés de lecture à un maximum d’oeuvres, ce qui s’avère payant.
Au final, s’il reste probablement encore à dire sur certaines des oeuvres les plus survolées ici, Sono Sion et l’exercice du chaos s’avère extrêmement riche et un guide à la fois précis et accessible, tant pour les fans du réalisateur que pour les curieux qui souhaiteraient en savoir un peu plus avant de se lancer à sa découverte. Qui plus est, il faut avouer que son prix de 24€ nous parait fort abordable au vu du contenu proposé.
Sono Sion et l’exercice du chaos, par Constant Voisin. 448 pages. Paru le 24 octobre 2019 chez Rouge Profond. 24€.