Test Blu-ray : The Hitcher (Sidonis)

PaysFrance
EditeurSidonis
Date de sortie12 avril 2024
Support1 BD-50 (+ 1 UHD-66)
RéalisateurRobert Harmon
Durée97 min 03
ZoneB
Format d’image2.39
LanguesAnglais, Français (DTS HD MA 2.0)
AudiodescriptionNon
Sous-titresFrançais imposés

Image

Note : 7 sur 10.

Après des années d’indisponibilité, The Hitcher était revenu en 2019 en Allemagne (puis en 2024 en Australie) à travers un master HD créé à partir d’une copie d’exploitation allemande. Depuis, l’éditeur britannique Second Sight a annoncé travailler sur une restauration 4K « maison » du film et à partir du négatif original 35mm, avec la précision qu’ils étaient « actuellement les seuls à avoir pu partir du négatif original », avec en ligne de mire une édition UHD et Blu-ray. Cela laissait donc se demander quelle source allait pouvoir servir à cette édition Sidonis, a fortiori avec ici aussi une sortie UHD/Blu-ray en perspective.

Et c’est peu dire que le résultat est intriguant tant il s’avère compliqué à jauger (ce qui n’est pas forcément bon signe). Cela démarre pourtant plutôt bien, avec une scène introductive convaincante. Ce n’est pas forcément une révélation, dans le sens où le Blu-ray n’est pas le plus fin du monde, mais le rendu est très correct et naturel, et le rendu HD satisfaisant (capture 1). Sauf que passée cette séquence en basse lumière, et en faisant fi d’un étalonnage un peu discutable (on reviendra plus tard là-dessus), le rendu visuel est bien plus hétérogène (et on a hâte de comparer à l’édition britannique – sauf travaux à la Picnic at Hanging Rock – pour pouvoir confirmer certaines choses). La certitude est que l’image a été artificiellement altéré au point de rendre difficile la déduction du flux technique exact. C’est a priori, un master différent de celui utilisé pour le Blu-ray allemand, mais le cadre est parfois rigoureusement identique (et souvent non). Cela étant, la finesse des hautes fréquences, qu’elles soient d’origine ou non, colle plutôt bien avec du 4K, et si ça n’est ni le négatif original, ni une copie d’exploitation, cela laisse le probable usage d’un élément du type interpositif 35mm (captures 1, 14 et 19).

Les plans avec des nuages de poussière envahissant le cadre trahissent tout particulièrement le filtrage appliqué à l’image, car on dirait que le filtrage artificiel n’a pas su ce qu’il avait sous les yeux et s’est mis à faire un peu n’importe quoi (par exemple, quand Jim plante la voiture de police et en sort, sa main disparaît-réapparaît-fusionne avec le sable puis reprend sa forme et sa taille normale – captures 11 et 12). Si ces extrêmes sont très spécifiques et concernent environ trois passages dans le film, ils révèlent cependant ce qui a été appliqué appliqué sur une majeure partie du film.

Par ailleurs, si certains passages montrent « simplement » un grain figé (capture 4), de nombreux passages ont un grain argentique bien plus intensément atténué… sauf que le rendu devient alors très schizophrénique, le niveau de détails de l’image disant une chose et la texture une autre. L’image possède alors un aspect légèrement velouté mais avec les infos dans le cadre n’ayant pas les détails correspondant, par exemple une texture de peau devenant caoutchouteuse (C. Thomas Howell en fait particulièrement les frais – captures 8, 9 et 10) mais un grain qui ne correspond pas et est plus fin qu’il ne le devrait. Ça passe encore à peu près sur certains plans, mais cela donne sur d’autres plans une désagréable impression de déjà-vu, celle d’une combinaison dégrainage / ajout de faux grain (plus probablement un soupçon d’accentuation artificielle). Cela affecte tout particulièrement les plans en extérieur, dont l’hétérogénéité de texture d’une scène à l’autre ne suit pas de logique technique, certains étant fortement dégrainés mais sans forcément perdre de sensation de délinéation (captures 5 et 7), tandis que d’autres semblent combiner cela avec une passe de grain qui semble faux (cf captures 17 et 18, particulièrement gênantes en visionnage). Dans les deux cas, il s’agit des plans les plus intrusivement filtrés et peu naturels.

Alors évidemment, la précision de l’image reste, globalement, plutôt correcte, en particulier sur les plans paraissant suffisamment naturels pour ne pas contrebalancer cela (captures 1, 14 et 19, donc). Ces parties sont ce qui se rapprochent le plus d’un travail convaincant à partir d’une source probablement intermédiaire. C’est suffisamment fin, naturel et détaillé pour plaire, comme (donc) les dix premières du film, mais aussi de nombreux passages ultérieurs. Le souci est simplement qu’il aurait fallu que l’ensemble du film ressemble à cela, et ne soit pas parasité par la pléthore de passages plus ou moins évidemment filtrés. L’un dans l’autre, le constat est donc mitigé, et honnêtement, on ne s’y attendait pas.

Là où le bat continue de blesser, c’est que l’étalonnage pose lui aussi question. Les scènes lumineuses sont souvent très plates et ternes, donnant parfois l’impression de regarder en SDR un fichier HDR. Les hautes lumières et la saturation posent souci (captures 7, 16 et 20), générant parfois ce qui ressemble fort à des faux raccords photographiques (captures 19 et 20), mais mettant quoiqu’il en soit régulièrement à mal la sensation que le film est censé se dérouler en partie dans des extérieurs totalement dégagés. Les scènes plus sombres sont affectés de façon assez similaires, mais avec un souci rejaillissant alors plutôt dans les noirs, qui sont bien trop élevés (captures 15 et 16) et donnent l’impression d’une image voilée. Enfin, la touche bleu métallique des couleurs, régulièrement prononcée, laisse elle aussi perplexe, mais la palette de couleurs du master laisse tout de même de très nombreux plans en échapper, donnant ainsi une certaine dynamique malgré tout (captures 4, 7, 13 et 14).

Enfin, un bon point indéniable : une propreté et une stabilité excellentes à 2-3 petits défauts physiques résiduels près, ainsi qu’une compression tout à fait solide.

Au final, c’est un peu délicat de résumer l’impression générale à travers la note donnée à l’image, elle oscillerait entre 6.5 et 7 (là où ça aurait pu être 8-8.5), et nous avons choisi d’arrondir à 7.

EDIT 1 (04 avril 2024) : il est souvent intéressant de travailler à l’aveugle puis vérifier ce qu’il en est : il s’avère que le livret de l’édition mentionne les détails techniques sur cette présentation : « The Hitcher a été restauré en 4K par Sidonis Calysta en 2024 à partir d’un interpositif 35mm qui, après un nettoyage du support pour enlever les poussières, a d’abord été scanné en 4K par le laboratoire Eclair Orfeo. L’élément scan 4K a ensuite été envoyé au laboratoire Subtilly à Madrid (Espagne) pour y être nettoyé numériquement image par image afin de retirer les défauts et points blancs subsistants, et étalonné pour une finalisation destinée à sa ressortie en salles par Tamasa Distribution et Sidonis Calysta en 2024. » Cela confirme notre déduction que le travail est bien en 4K et basé sur un interpositif. Quant à Subtilly, il semble avoir travaillé sur un des films d’Eloy de la Iglesia paru chez Artus (Colegias, on dirait), et qui souffrait déjà de filtrages mal calibrés et générant des soucis du type « fusion d’éléments au premier plan avec l’arrière plan ». A priori, on a donc bien retrouvé l’ensemble des éléments explicatifs du résultat (et nous espérons que l’éditeur ne nous en voudra pas de constater tout cela…).

EDIT 2 (30 avril 2024) : ce test a été finalisé le 4 avril, pour une parution originellement prévue le 6 avril. Il a été mis en pause le temps d’échanger avec l’éditeur pour éclaircir ce s’est passé. En résumé : le négatif original étant utilisé par Second Sight en vu de leur édition, et un partenariat avec eux ne s’étant pas avéré possible, Sidonis sont partis d’un interpositif stocké à Londres et envoyé chez Eclair Orfeo (càd la branche Eclair Préservation passée chez Netgem, et non Eclair Classics) pour l’ensemble des travaux (scan, restauration, étalonnage HDR). Les premiers retours de travaux se sont avérés discutables et des corrections ont été demandées (notamment sur l’étalonnage), avant de finalement solliciter un autre étalonneur et Subtilly pour prendre le relais, mais sur un fichier de travail ne laissant plus qu’une marge de manœuvre limitée (d’où l’hétérogénéité du résultat), et le tout dans un calendrier en partie figé par la programmation de la sortie vidéo et de la ressortie salles, dont la projection du film au PIFFF. Au final, le résultat est pour le moment ce qu’il est, et si je ne sais pas si une V2 verra le jour un moment donné (ce qui serait financièrement délicat, mais reste envisageable), les échanges que j’ai eu avec l’éditeur ont été ouverts et transparents, et m’ont donné la sensation d’un éditeur souhaitant apprendre la leçon de ce cas, dans une démarche d’amélioration continue visant au moins à éviter que cela ne se reproduise à l’avenir.

Son

Note : 7.5 sur 10.

C’est un peu plus direct à analyser pour le son, avec deux pistes 2.0 stéréo ayant chacune ses bons et moins bons points.

La VF semble avoir un souci de surround, donnant l’impression d’une démultiplication de la même info sur l’ensemble des cinq enceintes principales. Ainsi, les voix sont par exemple envoyées aussi sur les enceintes arrières, comme si on avait cinq fois le même canal, ce qui a techniquement peu de chances d’être d’origine. Au-delà de ça, qui limite forcément la directionnalité sonore, la VF a un rendu un peu plus rond que la VO, ce qui n’est pas désagréable et appuie appréciablement les scènes plus chargées (en effets sonores comme en musique). Par contre, les voix sont mixées bien trop en avant et prennent trop le pas sur le reste du mixage, ce qui le déséquilibre et le rend plus artificiel que celui de la VO.

La VO, a contrario, utilise de façon plus classique et convaincante les enceintes arrières et latérales, ouvrant le champ aux effets d’ambiance et à la musique tout en conservant les voix à l’avant, pour un rendu plus naturel. Les voix y sont aussi intégrées de façon plus équilibrée, mais cela vient avec un aspect un peu moins franc et se projetant moins vers le spectateur. Par ailleurs, la piste appuie moins les graves/basses qu’en VF, ce qu’on pourrait légitimement trouver un peu moins agréable (aucune idée de ce qui serait, par contre, l’intensité la plus fidèle aux intentions sonores d’origine).

Suppléments

Le film est édité dans un combo UHD/Blu-ray sous un format digibook. Côté bonus vidéo (qui ne paient pas de mine a priori, mais offrent finalement suffisamment de matière), on trouve :

  • Nouvelle présentation du film par Samuel Blumenfeld (35 min 51, 1080i)
  • Blonde, Blue Eyes (1h 00 min 28, 1080i, sous-titré en français) : documentaire (assez passionnant) sur Rutger Hauer, réalisé en 2006 par Simone de Vries et où de Vries suit l’acteur tel un journal du quotidien, le questionnant sur sa carrière passée, sa vie privée mais aussi ses projets en cours (à l’époque)
  • How Do These Movies Get Made ? (2002, 38 min 07, 1080i en partie fortement upscalé, sous-titré en français) : making of rétrospectif du film, produit pour l’édition allemande du film, et avec les interventions de Rutger Hauer, du scénariste Eric Red, du producteur Edward Feldman, du réalisateur Robert Harmon et du chef opérateur John Seale
  • Bandes annonces du film (5 min 13, 1080p upscalé, anglais non sous-titré)

Le digibook contient par ailleurs un livre de 60 pages supervisé par Oliver Père, dans lequel celui-ci propose sur 20 pages de texte une analyse de 5 pages du film, puis des sections tendance « bio-filmo » de Harmon, Red, Hauer, Howell et Jennifer Jason Leigh (environ 3 pages chacune). Si les parties sur Eric Red, C. Thomas Howell et Jennifer Jason Leigh sont assez généraux, celle sur Hauer est plus intéressante et en partie centrée sur The Hitcher, tandis que celle sur Harmon se concentre étonnamment pour moitié sur son court-métrage China Girl.

Matériel de test :

ImagePanasonic TX-PF50G20S
SourceZone B : PS3 Slim 250 Go | Zone A : Panasonic BDT-110
SonYamaha RX-V467
EnceintesKit 5.0 : Jamo S606 | Caisson : Jamo Sub210

Scan disc :

Taille Disque48,665,242,903 bytes
Taille Film25,382,270,976 bytes
Encodage VidéoMPEG-4 AVC Video / 29173 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VOEnglish / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1992 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Encodage Audio – VFFrench / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1747 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Captures d’écran HD :

4 réflexions sur “Test Blu-ray : The Hitcher (Sidonis)

    1. Dans le cas présent, c’est particulier : le livret ne précisant pas, nous avons été nombreux à croire qu’Eclair était Eclair Classics alors que c’est en fait Eclair Orféo. Donc pour ce prestataire là, ceci s’explique comme cela.
      Et du côté de Sidonis, ils me semblent avoir en grande partie subis de mauvaises décisions techniques côté Orféo.
      Ensuite, plus généralement : mon souci est justement que Hanging Rock est passé sous bien trop de radars, ou sinon a été accepté comme tel (car « Director Approved ») par trop de gens. Or, c’est du travail de faussaire de A à Z : si demain, de telles pratiques se généralisaient, j’espère que ces mêmes personnes hurleraient au scandale, sauf qu’il n’y a pas de raison de ne pas l’avoir déjà fait pour Hanging Rock. Et c’est ce qui m’inquiète : le nombre de personnes qui n’y ont vu que du feu.

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  1. Ma remarque répondait surtout à votre allusion à Second Sight, éditeur que beaucoup tiennent somme toute pour fiable, mais en lequel la confiance a pu être entamée par cette édition, basée sur une « remasterisation » peu scrupuleuse par des tiers…

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    1. Ah oui. Dans le cas là, Second Sight ont eu les mains liées, et je suppose qu’ils n’ont découvert cela que trop tardivement. D’autant qu’il s’agit de travaux doublement validés (réal + chef op’), et qui a été présentée en grandes pompes à Bologne. Ils ne sont pas infaillibles dans ces cas là, ils ont par exemple ressorti quelques films basés sur des masters HD anciens. Là où ils sont cependant de très haute volée, c’est quand ils commissionnent et supervisent eux-mêmes les travaux.

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