Test Blu-ray Import : Picnic at Hanging Rock (Second Sight)

PaysAngleterre
EditeurSecond Sight
Date de sortie01 mai 2023
Support2 BD-50
RéalisateurPeter Weir
Durée107 min 57 / 120 min 13
ZoneB
Format d’image1.85
LanguesAnglais DTS HD MA 5.1 (Director’s Cut) / Anglais (DTS HD MA 1.0 & 2.0) (Montage cinéma)
AudiodescriptionNon
Sous-titresAnglais pour sourds et malentendants

Image

Note : 7.5 sur 10.

Pendant de nombreuses années (depuis 2011 en Angleterre et 2014 aux USA, le film n’étant jamais sorti en Blu-ray en France), Picnic at Hanging Rock aura du composer avec un master HD clairement perfectible (format 1.78, master HD effectué à partir d’un interpositif, scan effectué sur Spirit DataCine), avec en plus l’inclusion uniquement du montage Director’s Cut (plus court de 12 minutes).

C’est chose « réparée » puisque le film (dans ses deux montages !) a été restauré en 2022 en 4K à partir du négatif original. Le scan du négatif a été effectué sur Arriscan XT chez les Australiens de The Grainery, tandis que les Polonais de Fixafilm ont effectué le travail de restauration. L’étalonnage a été effectué par Gosia Grzyb (de Fixafilm), sous la supervision puis l’approbation de Peter Weir et Russell Boyd. Il est intéressant de garder en tête que l’ancien master HD avait été supervisé par Peter Weir, et son étalonnage effectué à Deluxe Melbourne.

Chaque montage a droit à son disque (en BR comme en UHD), et sont proposés dans une qualité largement équivalente.

Il faut avouer qu’il y a quelque chose d’étrange au royaume de Hanging Rock, et on nous apprendrait que le film a été fortement dégrainé avant d’être en partie artificiellement « regrainé » qu’on ne serait pas surpris, tant il y a un aspect désagréablement artificiel et bidouillé dans la texture de l’image. D’un côté, il y a une bonne partie du film qui ne laisse que peu de doutes sur l’usage de filtrages numériques, le résultat ne paraissant pas refléter le flux technique de la restauration car anormalement lisse (et légèrement agressif aussi, probablement du à une touche d’accentuation artificielle). Cela donne lieu à des plans au rendu général assez désagréable, à la limite des visages cireux voire d’un rendu « peinture à l’eau » (captures 9 et 11). Cela se voit d’ailleurs dès le générique d’introduction : l’image est tellement filtrée qu’on dirait un générique tirer d’un élément intermédiaire avec son texte imprimé optiquement, après lequel on attendrait l’habituelle remontée en qualité… sauf que les crédits ont été recréés numériquement et appliqués sur le négatif sans texte, et que le bond qualitatif n’arrive jamais puisque c’est un souci de filtrage généralisé.

Mais il y a aussi pas mal de plans plus filous, présentant bien une texture granuleuse, sauf que celle-ci semble assez peu naturelle, tant dans son comportement que sa taille, faisant plutôt penser à une émulation de faux grain (comme on en trouve sur certaines productions tournées en numérique) qu’à du grain argentique 35mm (captures UK 3, 11, 12 ou 16, et probablement les captures UK 15 et 19). Le souci est que cela ne compense franchement pas l’impression régulière d’extrême douceur de l’image (capture UK 3, typiquement), qui ressemble moins à ce qu’on peut voir sur des films tournés avec filtres de diffusion qu’à simplement un film fortement dégrainé numériquement. L’absence d’harmonie entre cet aspect très lissé et cette texture argentique-mais-bruitée semblant ajoutée par-dessus expliquerait alors l’impression étrange laissée par le rendu visuel. L’autre possibilité est que ce soit ce qu’il reste de la texture originale du film, dont la photographie volontiers diffuse ne pardonnait pas le moindre bidouillage numérique, et le démontre ici par l’exemple.

Heureusement, ce n’est pas le désastre de Wake in Fright (pour rester chez les Australiens), quoiqu’on pourrait arguer que les scènes peu éclairées n’en sont pas loin (captures UK 10 et 14 par exemple), mais on ne peut que déplorer ce résultat tant il pénalise le coup de jeune donné au film, qui possède, malgré de tels travaux, un bon nombre de plans paraissant sortis d’un ancien master HD de studio US (et plutôt Universal/MGM que Sony). Et quelles que soient les raisons et les outils utilisés, le résultat à l’écran est bien celui-ci. Cela n’empêche pas le niveau de détails et la précision générale d’être améliorée par rapport à l’ancien master HD, ce qui se voit notamment sur les éléments fins (cheveux et motifs des vêtements dans les plans serrés – comparaisons 3, 11 et 16 -, végétation dans les plans plus larges – comparaison 13), mais c’est fréquemment contrebalancé par des textures nivelées par le bas (comparaison 19), au point que l’ancien master HD ne parait pas si mal en comparaison.

Il est au final surprenant de voir un tel résultat de la part de Second Sight, l’éditeur nous ayant habitué à des travaux de restauration autrement plus respectueux que ça, et il nous semble plus que probable que le choix de filtrer artificiellement l’image ne provient pas de lui mais des référents de cette restauration (donc Peter Weir et/ou Russell Boyd). Enfin, si certains pourront trouver cela « mineur » ou « plaisant » (de toute manière, il semble que la grande majorité des retours même techniques n’y ait vu que du feu), nous ne pouvons qu’espérer que ça ne donnera à personne l’idée de se mettre à « restaurer » plein de films comme ça.

L’étalonnage sera sûrement lui aussi amené à faire débat tant il change, d’une part, le visuel du film, mais tant cela se fait parfois de façon laissant perplexe et paraissant peu naturelle (et donc peut-être pas vraiment d’origine). Si l’ancien master HD était très probablement trop neutre et assez typé vidéo parfois (notamment dans son écrêtage des blancs), le nouveau master part dans la direction d’une tendance dorée sur quasi tout le film, mais pouvant donner aux scènes moins éclairées des relents modernes faisant là aussi plus penser à un tournage numérique récente qu’à un tournage 35mm en 1975 (capture UK 14 par exemple). C’est parfois plutôt convaincant, notamment pour les plans en extérieur jour (captures UK 4, 17 ou 18), parfois beaucoup moins (captures UK 9 et 10). La gestion des carnations laisse aussi perplexe, faisant penser à ce qu’on voit sur de nombreux remasters Paramount depuis plusieurs années maintenant, avec une tendance à viser toujours les mêmes teintes de peau crémeuses. Couplé à la tendance assez dorée de ce nouveau master, cela donne des choses parfois peu convaincantes (capture UK 3, mais aussi 5 et 11). On gagne par contre, dans l’ensemble, en saturation d’une manière assez agréable en visionnage, mais si cela se fait avec une récupération des détails dans les hautes lumières, les basses lumières peuvent en souffrir avec des zones sombres à la limite de boucher (captures UK 9, 14 et 18). Bref, ici aussi : on gagne d’un côté mais avec la sensation de perdre d’un autre.

Par contre, aucun problème de stabilité (cadre ou couleurs) ni de propreté, tandis que les encodages (pour une fois en provenance d’ailleurs que de Fidelity in Motion, puisqu’ils ont été effectués par The Grainer) n’introduisent aucun problème spécifique. Enfin, on notera le retour du format 1.66, là où le précédent master HD était en 1.78. Le résultat offre plus d’informations dans le cadre en haut et en bas, mais un peu moins à droite.

NB : Dans les jeux de captures comparatives proposés plus bas, la première capture est à chaque fois issu du disque britannique et la seconde du Blu-ray Criterion. Les captures sont toutes tirées du Director’s Cut. Un système de comparaison direct est proposé en cliquant sur ce lien.

Edit 1 (01 mai 2023) : Sans surprise malheureusement, la confirmation a été donnée, suite à cette publication et par Geoff Dearth (collaborateur technique récurrent maintenant de Second Sight), que la restauration a été effectuée via dégrainage sévère puis ajout d’une passe de faux grain. Sans surprise non plus, au vu du pedigree technique de l’éditeur, cela n’a pas été fait à sa demande, mais à la demande de Peter Weir.

Edit 2 (02 mai 2023) : Certains se demandaient pourquoi une telle différence de durées entre les présentations du Director’s Cut et du montage cinéma : il semble que les précédentes présentations (notamment DVD) du montage cinéma était en fait un montage international plus court, là où Second Sight présenteraient ici le montage australien original de 119 minutes (plus environ 1 min de panneaux techniques).

Son

Note : 8 sur 10.

Le Director’s Cut est proposé en anglais 5.1, là où le montage cinéma est proposé en mono 1.0 ou en dual mono 2.0.

La piste 5.1 se montre plutôt discrète dans son usage des enceintes arrières, plaçant surtout quelques effets sonores et la musique du film. Cela reste suffisant pour envelopper un peu le spectateur mais il ne faut clairement pas s’attendre à une ambiance multicanale plus énergique que ça (cela ferait d’ailleurs regretter l’absence de piste mono pour ce montage). Cela a par contre le mérite de ne pas faire excessivement moderne, ouvrant simplement le champ sonore ci et là, tandis que les dialogues, propres et clairs, restent ancrés sur la scène avant.

Le montage cinéma n’est pas en reste, les deux versions de la piste mono étant globalement appréciables tout en restant assez minimalistes (et forcément moins ouvertes que la piste 5.1). Pour autant, elle évite les scories habituelles en proposant un rendu clair et franc, d’où les dialogues se détachent suffisamment bien.

Suppléments

Le film est proposé, comme le font Second Sight depuis plusieurs sorties « limitées » maintenant, en trois éditions : une édition UHD-only (2 UHDs, avec les deux montages du film et l’ensemble des bonus vidéo), une édition Blu-ray-only (2 Blu-rays, là aussi avec les deux montages du film et l’ensemble des bonus vidéo) et enfin une édition limitée, combo UHD/Blu-ray (soit 4 disques ici) incluant aussi, dans le cas présent, un livret de textes analytiques et critiques du film, la reproduction du roman originel dont le film est l’adaptation, et enfin 6 cartes collector (le tout dans un digipack avec fourreau extérieur rigide cartonné).

En Blu-ray, les suppléments vidéo (tous en anglais non sous-titré) sont répartis sur les deux disques.

Disque 1 :

  • Commentaire audio d’Alexandra Heller-Nicholas et Josh Nelson
  • A Dream Within a Dream (2004, 1h 58 min 01, 1080p upscalé) : documentaire rétrospectif sur le film et sa production. A noter que le documentaire était déjà présenté dans ce montage dans l’édition Second Sight 2011.

Disque 2 :

  • A Lovely Day for a Picnic (11 min 20, 1080p) : nouvelle interview de l’actrice Karen Robson
  • Finding the Light (10 min 48, 1080p) : nouvelle interview du directeur de la photo Russell Boyd
  • Crashing Through Boundaries (7 min 04, 1080p) : nouvelle interview du cadreur John Seale
  • Something Beyond Explanation (22 min 50, 1080p) : nouvelle analyse du film par Thomas Caldwell
  • Interview avec l’écrivaine Joan Lindsay (1975, 15 min 00, 720p)
  • A Recollection : Hanging Rock 1900 (27 min 01, 1080p upsclé) : documentaire d’époque sur le tournage du film
  • Scènes coupées (12 min 31, 1080p abîmées)
  • Bande annonce originale du film (4 min 54, 1080p)

Matériel de test :

ImagePanasonic TX-PF50G20S
SourceZone B : PS3 Slim 250 Go | Zone A : Panasonic BDT-110
SonYamaha RX-V467
EnceintesKit 5.0 : Jamo S606 | Caisson : Jamo Sub210

Scan disc :

Director’s Cut :

Taille Disque49,519,126,032 bytes
Taille Film34,612,979,328 bytes
Encodage VidéoMPEG-4 AVC Video / 36376 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VOEnglish / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3574 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Scan disc :

Montage cinéma :

Taille Disque49,403,492,916 bytes
Taille Film36,325,586,304 bytes
Encodage VidéoMPEG-4 AVC Video / 35980 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VOEnglish / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 850 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 448 kbps / 24-bit)
Encodage Audio – VOEnglish / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1357 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)

Captures d’écran HD :

4 réflexions sur “Test Blu-ray Import : Picnic at Hanging Rock (Second Sight)

    1. Oui, on voit qu’il y a bel et bien un léger upgrade sur les détails les plus fins, mais est-ce que ce n’est pas contre-balancé par le filtrage, qui est (je pense) bien plus visible ? Et l’étalonnage qui pose vraiment question dans les scènes en intérieur, mais qui est à comparer à l’ancien étalonnage qui est clairement trop neutre ?
      En vrai, au moins le filtrage était évitable.

      J’aime

    1. C’est, j’ai trouvé, en fait assez différent de ce type d’étalonnage. Globalement, cela met l’emphase sur des couleurs très dorées, et pourquoi pas vu l’environnement du film. Mon souci est plus que cela m’a semblé, comme le filtrage de l’image (qui a depuis été confirmé par une personne collaborant régulièrement avec l’éditeur, donc j’avais malheureusement vu parfaitement juste sur le DNR et le faux grain), très artificiel dans son application. Sans doute qu’une partie de ce nouvel étalonnage se rapproche des intentions d’origine, d’autant que l’ancien étalonnage faisait très vidéo et trop neutre, mais le reste fait très numérique et anormalement moderne, et ne provient donc probablement pas de ce qui avait été fait en 75.

      Cela reste en tout cas un exercice d’analyse intéressant tant le travail sur cette restauration semble avoir été folklo (pas tous les jours qu’on tombe sur des restaurations dégrainées et artificiellement re-grainées)… et tout aussi intéressant de voir les critiques « techniques » passant à côté, voire les personnes niant que ce soit le cas et assurant que mon retour mitigé est complètement erroné, malgré la confirmation mentionnée plus haut !

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