
Pinocchio revient d’un coup double sur les (petits) écrans avec l’adaptation de Robert Zemeckis sortie en septembre 2022 puis le 9 décembre 2022 par Guillermo del Toro et Mark Gustafson, dans une version animée en stop-motion et diffusée en avant-première au Festival Lumière 2022.
Déplaçant le film dans l’Italie fasciste juste avant la guerre de 39-45, le film reprend globalement les grandes lignes du conte de Collodi et sa structure en vignettes, en dépassant cependant assez largement la version (globalement plus gentillette) qu’en avaient faits Disney en 1940. Dès le début du film d’ailleurs, on retrouve les thématiques chères à Del Toro puis Geppetto s’y retrouve père traumatisé par la mort de son fils, tué dans un bombardement aveugle, amenant dès cette introduction la thématique du monde adulte sacrificiant ses enfants à la guerre et à la quête du pouvoir et de la fortune.
Cette thématique traverse très largement cette nouvelle adaptation, faisant écho de façon assez évidente à L’échine du diable et au Labyrinthe de Pan, de façon d’ailleurs presque désagréable car donnant une impression de déjà-vu. Il faut bien dire, en effet, que ce Pinocchio n’apporte pas forcément grand chose de neuf à cette thématique, donc, déjà maintes fois travaillées par le réalisateur mexicain, et que l’on retrouve ici bien que dans un contexte géographique différent (l’Italie fasciste de Mussolini a remplacé la guerre civile espagnole et Franco).
Par ailleurs, il faut tout de même au film 45 bonnes minutes pour réellement envoyer Pinocchio à l’aventure et sortir le film de l’aspect geignard assez monomaniaque de Geppetto, dont le deuil impossible est vite compris par le spectateur mais dont le film a du mal à se détacher pour déployer le reste de son histoire. Heureusement, la suite du film, bien que toujours dans un sentier assez balisé (conte connu, rebondissements connus, thématiques propres au réalisateur connues), s’avère plus passionnante, le film réussissant alors à trouver un rythme de croisière mieux géré et permettant aussi de profiter de son design général plutôt joli, même s’il faudra composer avec la voix de tête un peu insupportable de Gregory Mann dans le rôle de Pinocchio, et des visages d’enfants faisant surtout penser aux marionnettes de Team America (il y a aussi une minuscule poignée de petits couacs d’animation). On pourra aussi se demander si les quelques élans musicaux très Disney (mais offrant un amusant running gag) parsemant le film étaient une si bonne idée, tant on se demanderait si on n’a pas lancé l’autre récente adaptation. Il y a par contre, sinon, un casting vocal très efficace (Ewan McGregor en tête) ainsi que des adultes au design plus intéressant (le comte Volpe, notamment), mais surtout un purgatoire fascinant à plus d’un titre et offrant sûrement les meilleurs moments du film.
Pour le reste, il faut bien avouer que malgré malgré quelques sections très intéressantes (comme le camp d’entrainement des jeunesses mussoliniennes) et un final très touchant, nous sommes malheureusement restés sur notre faim, certes sans déplaisir, mais avec tout de même l’impression d’avoir déjà vu tout cela en mieux dans des films précédents du réalisateur mexicain.
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