Test Blu-ray Import : Irréversible (Indicator)

PaysAngleterre
EditeurIndicator
Date de sortie26 avril 2021
Support1 BD-50 + 1 BD-25
RéalisateurGaspar Noé
Durée97 min / 91 min
ZoneB
Format d’image2.35 / 2.39
LanguesFrançais (DTS HD MA 5.1 & 2.0)
AudiodescriptionNon
Sous-titresAnglais optionnels

Image

Note : 7.5 sur 10.

Après la tournée des festivals en 2019 avec son remontage chronologique (dit « Inversion intégrale ») puis une ressortie en vidéo en France chez Studio Canal fin 2020, c’est chez Indicator (étonnamment, car le film francophone sort totalement de la ligne éditoriale anglophone de l’éditeur) qu’Irréversible débarque dans une édition collector (exceptionnellement tirée à 10 000 exemplaires afin de répondre à la demande), incluant les 2 montages du film et une pléthore de bonus.

Techniquement, le film est un cas d’école assez intéressant. Sorti en 2002, l’époque où le numérique et la HD commençaient à s’implanter dans l’industrie du cinéma mais avec une définition et des équipements encore limités, le film a été tourné en Super 16, il semble que les rushes argentiques étaient directement numérisées pour une post-production intégralement en numérique en HD, générant ainsi un fichier numérique finalisé devenant (à moins de refaire toute la post-production du film, montage inclus) le seul élément disponible et exploitable. Cela signifie plusieurs choses.
Tout d’abord, les annonces d’une restauration 4K, qu’on a notamment pu lire pour la ressortie en salles du film, sont factuellement erronées. Indicator ont d’ailleurs revu les informations techniques de leur édition, et ont clarifié qu’il s’agit en fait de restaurations 2K. Par ailleurs, dans une interview, Gaspar Noé lui-même précise que le flux technique du film rend impossible une restauration 4K, sauf à faire un simple upscale.

Cependant l’autre implication est que si seul ce fichier numérique de 2002 existe, aucune réelle restauration 2K n’a été entreprise récemment. D’ailleurs, quand on compare l’image des nouveaux Blu-rays (en France ou en Angleterre) à des Blu-rays plus anciens du film, il est clair que la source numérique est la même (mêmes « pixels » aux mêmes endroits), et que les différences sont de l’ordre de l’encodage (et potentiellement d’un petit ajustement de l’étalonnage). De fait, nous sommes face à ce qui tient du master HD pre-existant (puisque créé en 2002), avec tout ce que cela charrie comme limites techniques (d’autant plus sur un film tourné en 16mm). Par ailleurs, le remontage semble avoir été effectué sur la base de ce même fichier numérique de 2002 (là aussi, mêmes « pixels » aux mêmes endroits).
Un cas d’école intéressant donc, car rappelant ce qu’il est possible (ou non) de faire avec les films de cette époque, utilisant une technologie numérique limitée et aujourd’hui dépassée. On pense souvent à l’Episode 2 de Star Wars, tourné numériquement en HD et donc limité à jamais à cette résolution, mais les films tournés en argentique et post-produits en HD sont eux aussi bloqués techniquement, et le film de Noé en est un exemple parmi d’autres. L’upgrade par rapport aux précédents Blu-rays (parus en Italie ou au Japon respectivement en 2017 et 2018, avant le travail de remontage, donc) est donc littéralement nul, puisque le fichier source est le même, mais dont on peut logiquement supposer que tout cela est représentatif de ce qui a été projeté en salles (puisqu’utilisant le même fichier source).

En pratique, cela donne ici logiquement un Blu-ray aux allures de master HD pre-existant. Au-delà de la patine assez crue du film, le rendu est souvent épais et brut, avec un grain agressif (d’une part par son tournage 16mm, d’autre part sa numérisation il y a presque 20 ans maintenant) et manquant parfois de naturel. Le visionnage reste plutôt fluide et naturel, l’image paraissant vierge de filtrage superflu, mais tout cela semble techniquement un peu daté maintenant, avec notamment des détails fins et une délinéation régulièrement limités. L’upgrade HD par rapport au DVD français reste visible, mais il est évident qu’il est limité par la source numérique utilisée. Il existe maintenant de nombreuses restaurations de films tournés en 16mm et démontrant ce qu’il est possible d’obtenir sur ces productions. Même si on sait ce qu’impliquerait un travail technique plus poussé, nul doute qu’une numérisation récente et compétente des éléments 16mm et un travail numérique aujourd’hui offrirait au film un rendu plus naturel et sans doute plus argentique aussi. Le constat est logiquement le même pour les 2 montages, puisque le remontage semble avoir été effectué à partir du même fichier numérique. On notera par contre que le générique introductif semble avoir été refait numériquement assez récemment.

Le constat est le même côté couleurs, bien qu’il soit difficile de juger exactement ce qui tient du choix photographique et esthétique du film et ce qui relève des pratiques du début des années 2000. En effet, le contraste parait régulièrement très balourd, n’hésitant pas à boucher les noirs et brûler les hautes lumières. Si les 2 montages n’ont pas exactement le même étalonnage (le montage original est légèrement plus contrasté, sombre et saturé, le remontage plus clair et plus plat), cette limite se retrouve aussi sur le remontage 2019, avec à nouveau des hautes lumières clairement brûlées et des noirs bouchés. Quoiqu’il en soit cependant, on retrouve la photographie très chaude du film, avec régulièrement des rouges et des jaunes mis en avant et retranscrivant l’ambiance estivale, chaude et poisseuse du film, le contraste poussé renforçant l’aspect brut de décoffrage de l’image.

Enfin, il reste quelques défauts et instabilités logiquement d’origine, mais rien de gênant. L’encodage est quant à lui solide (malgré les difficultés que peut poser la couleur rouge en général). On notera par ailleurs que contrairement à l’édition française parue fin 2020 chez Studio Canal, encodée en 1080i à 25fps, les 2 montages sont ici encodés en 1080p24.

A noter une légère différence de cadrage entre le montage original, en 2.35, et le nouveau montage, en 2.39 et légèrement zoomé.

Son

Note : 9 sur 10.

La piste 5.1 reste par contre toujours autant une démonstration de force. Le film de Noé a souvent été décrit comme une sorte d’expérience voulant soumettre de force le spectateur. On peut en débattre mais l’expérience acoustique du film, notamment dans sa première moitié (ou sa deuxième, dans le cas du nouveau montage), est toujours autant éprouvante, utilisant toutes les possibilités disponibles pour charger l’environnement sonore. Les infra-basses, les pulsations, la bande originale de Thomas Bangalter, l’exploitation de l’ensemble des enceintes en effets sonores, tout cela est ici parfaitement restitué pour donner le vertige au spectateur. Ce n’est que lorsque le film se calme que l’on peut profiter de dialogues et de quelques passages musicaux démontrant une clarté imparable et un bon équilibre, mais sinon, ça tabasse, et c’est clairement le but recherché.

Une piste 2.0 (non testée) est aussi proposée pour chaque montage.

Suppléments

Pour son édition limitée, et au vu du potentiel commercial du film, Indicator déroule le grand jeu pour une édition se voulant clairement exhaustive. On ne va pas s’en plaindre, surtout quand l’édition française de 2020 paraissait étrangement légère sur cet aspect.

  • Commentaire audio de Gaspar Noé sur le montage original (2003, français avec sous-titres anglais optionnels). Tous ceux regrettant l’absence d’un making of technique du film peuvent se ruer sur ce commentaire qui détaille à peu près la totalité de la construction technique du film.
  • The Irreversible Odyssey (43 min 20, 1080p, français avec sous-titres anglais optionnels, 2019) : documentaire rétrospectif sur la genèse, la production puis la projection cannoise du film, réalisé par Marc Godin et avec les participations de Gaspar Noé, Monica Bellucci, Vincent Cassel, Albert Dupontel, Benoît Debie, Vincent Maraval, Richard Grandpierre, Christophe Rossignon et Thierry Frémaux. Il s’agit du nouveau documentaire trouvable dans la ressortie 2020 du film en Blu-ray en France.
  • NFT50 Q&A (49 min 08, audio uniquement, anglais non sous-titré, 2002) : session de questions-réponses avec Noé, Bellucci et Cassel, enregistrée au London’s National Film Theatre
  • The BFI Masterclass with Gaspar Noé (1h 30 min 06, audio uniquement, anglais non sous-titré, 2009) : conversation entre le réalisateur et David Cox, enregistrée au BFI Southbank dans le cadre du London Film Festival
  • SFX (7 min 28, 1080p upscalé, français avec sous-titres anglais optionnels, 2003) : Rodolphe Chabrier, superviseur des trucages sur le film, revient sur le travail de lui et son équipe sur le film
  • Time Destroys All Things (14 min 32, 1080p, anglais non sous-titré, 2021) : essai vidéo d’Alexandra Heller-Nicholas sur le film, l’impact des différences structurelles des deux montages du film, et comment Irréversible s’intègre aux films dits de « rape & revenge »
  • Scène coupée (37 sec, 1080p upscalé), présentant le personnage de Bellucci à l’hôpital après son agression
  • Stress (4 min 43, 1080p, 2002) et Outrage (4 min 35, 1080p, 2002) : 2 clips musicaux réalisés par directed by Noé
  • Intoxication (5 min 09, français avec sous-titres anglais optionnels, 1080p upscalé, 2002) : court-métrage documentaire de Noé avec Stéphane Drouot
  • 2 bandes annonces originales (1 min 41 + 1 min 45, 1080p upscalé) et 6 teasers originaux (3 min 16, 1080p upscalé)
  • Galerie photos

A noter un bonus caché : dans la section « Music Videos », en allant sur Play All puis en appuyant sur la flèche droite de sa télécommande, un nouveau module nommé Creuser des caisses (2 min 04, 1080p) et zoomant sur les vinyles visibles dans la décoration de l’appartement d’Alex et Marcus.

Sur le disque 2, le seul supplément est la bande annonce anglaise du montage Inversion intégrale, créée pour le festival de Venise 2019 (1 min 41, 1080p).

Côté bonus « physiques », édition limitée spéciale oblige, Indicator regroupe dans un fourreau cartonné dur le boîtier Scanavo plastique avec les 2 disques, un double poster réversible et un livret de 80 pages contenant un nouveau texte de 8 pages sur le film par Anna Bogutskaya, un article de 2003 de 6 pages écrit pour American Cinematographer par Bob Davis revenant de façon assez neutre sur le film, l’analyse de cas de 6 pages du BBFC lors de sa classification en salles et détaillant le raisonnement de l’organe de classification britannique sur le film, 12 pages de critiques d’époque du film, 15 pages reprenant les critiques Pour / Contre de Nick James et Mark Kermode parues en 2003 dans Sight & Sound, 3 pages détaillant la logique derrière le nouveau montage du film et enfin un nouveau texte de 1 page par Anthony Nield sur le court-métrage Intoxication.

Matériel de test :

ImagePanasonic TX-PF50G20S
SourceZone B : PS3 Slim 250 Go | Zone A : Panasonic BDT-110
SonYamaha RX-V467
EnceintesKit 5.0 : Jamo S606 | Caisson : Jamo Sub210

Scan disc :

Montage original :

Taille Disque44,026,543,824 bytes
Taille Film31,423,391,808 bytes
Encodage VidéoMPEG-4 AVC Video / 34847 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VFFrench / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3885 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Encodage Audio – VFFrench / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1793 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)

Inversion intégrale :

Taille Disque24,291,167,252 bytes
Taille Film24,031,862,208 bytes
Encodage VidéoMPEG-4 AVC Video / 28873 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Encodage Audio – VFFrench / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3907 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Encodage Audio – VFFrench / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1110 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Montage Inversion Intégrale 2020

Captures d’écran HD :

Montage original :

Inversion Intégrale :

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